Health

Lois sur la santé sexuelle : la Côte d’Ivoire à la traine

Des neuf pays couverts par le partenariat de Ouagadougou, seul le territoire d’Alassane Dramane Ouattara tarde encore à adopter la loi sur la santé sexuelle et reproductive (SR). La révélation a été faite pendant le Webinaire mensuel du Réseau des médias africains pour la promotion de la santé et de l’environnement (Remapsen), mercredi 22 mai 2024.

« La plupart des pays d’Afrique de l’Ouest adhère à l’adoption de la loi SR/PF. Seule la Côte d’Ivoire n’est pas encore conforme », déclare Dr Asmani Chilanga, Conseiller régional chargé de programme et politique de planification familiale au bureau régional de l’UNFPA à Dakar, lors du webinaire du Remapsen, pour le mois de mai 2024. Le spécialiste de santé publique apportait ainsi des réponses à la question de savoir quel est l’état des lieux de l’application de l’arsenal juridique des lois sur la santé sexuelle et reproductive en Afrique de l’Ouest.

Bien que la question soit assez préoccupante, au point de mobiliser plus de 100 journalistes africains face à trois panélistes pendant presque trois heures, « la terre d’Eburnie », semble refuser subtilement de laisser passer ces textes. En juillet 2018 d’ailleurs, la communauté chrétienne catholique de ce pays ne s’est-elle pas opposer à la proposition de cette loi au parlement 

347 femmes décèdent pour 100.000 naissances vivantes

Au cours de ce webinaire mensuel du Réseau des médias africains pour la promotion de la santé et de l’environnement (Remapsen), le Professeur Mélanie Tia, présidente de l’ONG Women in global health-Côte d’Ivoire, a pourtant relevé que dans ce pays, le taux de femmes qui décèdent lors de l’accouchement est élevé. « Nous sommes plus de 28 millions d’Ivoiriens avec un indice de fécondité de 4,6 et malheureusement la mortalité maternelle est très élevée en Côte d’Ivoire. 347 femmes décèdent pour 100.000 naissances vivantes, alors que les objectifs du troisième millénaire parlent 56 à 70 décès pour 100.000 naissances. Ce sont des chiffres qui interpellent, 21% des femmes ont accès à la planification familiale. Il y a 32% de grossesses précoces et 33% de mariage précoce », relève la femme médecin.

Face à cette situation, cette militante du bien-être de la femme et enseignante à l’Université Alassane Ouattara, s’active sur le terrain avec ses collaborateurs. C’est du moins ce qu’elle a dit aux hommes et femmes de médias mercredi 22 mai 2024 : « On a eu un appui de Care international, pour nous accompagner dans notre projet de plaidoyer auprès des institutions au plan national et international. Avec ce financement de Care international, nous avons pu mener en 6 mois, des activités de campagne numérique, rencontré les autorités, les responsables des représentations internationales. Puis, nous avons eu des rencontres avec les organisations qui travaillent dans le domaine de la santé de la reproduction. »

Juste les formalités…

Cette vivacité qui manque à plusieurs autres pays considérés comme plus avancés que la Côte d’Ivoire sur cette question. Bon nombre, se limite uniquement aux formalités, alors que la concrétisation est inexistante. Et Dr Diallo Djénébou, Responsable senior du plaidoyer à l’Unité de coordination du partenariat de Ouagadougou (UCPO) de préciser que « la Guinée a une loi depuis 2000, le Sénégal depuis 2005, malheureusement ces deux Etats ne disposent pas à ce jour, de décret d’application, pareil pour le Togo et le Mali. Donc du coup ça ne facilite pas la mise en œuvre de la loi, puisque le processus de mise en œuvre n’est pas décrit ». Ainsi, il est clair qu’entre l’adoption d’une loi et sa mise en œuvre, il y a un réel écart.

Le problème s’aggrave encore quand toutes les dispositions existent, mais la population n’adhère pas. C’est le cas par exemple de « la Mauritanie où il y a bel et bien une loi et un décret, mais pas de vulgarisation », à en croire la juriste de formation, passionnée des droits des femmes et des filles, Dr Diallo Djénébou.

A travers cette rencontre coordonnée par Youssouf Bamba, président du Remapsen, les trois conférenciers du jour, nourrissent l’espoir de voir cette question qualifiée de dramatique, s’améliorer à la suite des productions journalistiques qui vont suivre le webinaire.

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Arnaud Kevin Ngano