Mobilité verte à Yaoundé : Jean Paul Noah dénonce les « syndicats microbes »
Dans une interview exclusive, Jean Paul Noah, Secrétaire général de l’Opstac, exprime son soutien au projet de mobilité verte initié par la mairie de Yaoundé, tout en critiquant vigoureusement un collectif de syndicats qui s’y oppose. Selon lui, ces « syndicats microbes » cherchent à perturber une initiative essentielle pour la lutte contre la pollution et l’assainissement du secteur des transports. Noah appelle à une modernisation du secteur, soulignant l’importance de statistiques fiables pour un développement durable.
La mairie de la ville annonce le concept « mobilité verte à Yaoundé ». Pendant que le projet se prépare à être opérationnel, il y a un groupe de dix syndicats nationaux des transports routiers, qui décide de protester contre cette initiative apparemment louable. En tant que leader syndical, comment est-ce que vous accueillez ce comportement ? Qu’est-ce que cela suscite en vous comme réaction ?
Ce que je veux dire c’est que nous avons désormais des syndicats microbes parmi nous. Ils ont décidé de foutre la merde dans l’activité de transport. En fait, le maire de la ville a hérité ce projet de M. Tsimi Evouna, ancien délégué du gouvernement, puisqu’il date de trois ans.
Les concertations avaient commencé dans le cadre de la lutte contre les gaz à effet de serre, la lutte contre le désordre urbain. Il était question de mettre en place des mécanismes qui permettent de remettre la mobilité urbaine soutenable dans la ville de Yaoundé et de mettre les passages piétons avec l’appui des partenaires à l’aide au développement. Il était donc question qu’on transforme la ville de Yaoundé en une ville verte, en une ville africaine verte. Pour cela, on devait instaurer un système de passage piétons sur l’ensemble de la ville de Yaoundé. Ceci à la suite d’une étude qui avait été menée au préalable pour voir le niveau de pollution. On avait alors installé des capteurs. Et on s’est dit que Yaoundé est une ville hautement polluée du fait d’avoir non seulement de la poussière, mais aussi des véhicules dont l’âge varie entre 10 et 20 ans.
Ces études ont été menées avec l’ensemble des syndicats qui protestent aujourd’hui, c’était à la communauté urbaine de Yaoundé. Les preuves sont là. Mais comme ce sont les syndicats à gage, ils sont venus pendant un moment dans ces réunions, et puisqu’il n’y avait pas d’argent ou de per-diem, ils ont démissionné. Le camarades Essomba, moi et d’autres syndicats avons continué de venir dans les différentes concertations.
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Quand nous sommes presqu’à la fin du processus, ils orchestrent le désordre ? Depuis 1999, nous revendiquons l’assainissement du secteur des taxis parce que le transport humain est envahi par le transport routier clandestin. Plus grave, quand je vous dis que nous sommes envahis par les syndicats microbes, c’est parce que cette opération est gratuite. C’est comme le recensement des personnes, le recensement national des citoyens. On demande combien de taxis il y a dans la ville. Parce qu’au cours de ce recensement, il y a des partenaires au développement qui ont une politique de renouvellement du parc automobile. Nous avons déjà travaillé dessus avec les partenaires japonais.
Nous avons également travaillé avec les Iraniens qui veulent mettre les taxis plus faciles. Voilà donc un groupe syndicaliste. Ils se sont eux-mêmes, mis en marge. Aujourd’hui, ils montent sur les médias, pour insulter le maire de la ville.
Il est donc clair que leur mécontentement provient du fait qu’ils sont loin du projet…
Pour eux, aucun projet n’est intéressant, s’il n’est pas mercantile ou si on y gagnent pas de l’argent. Ils ont été extrêmement intéressés pendant des années, sur plusieurs autres questions dans le monde des transports au Cameroun. Je pense par exemple aux contrôles routiers. Aujourd’hui que le préfet interdit les cela, ils s’accroche sur tout ce que fait le maire de la ville. Mais pourquoi l’insulter ? Pourtant cet homme politique fait ce qu’attend le président de la République du Cameroun. Il demande toujours de ne ménager aucun effort pour fournir une vie décente aux camerounais.
Selon vous, il y a un agenda caché derrière tout ce qui est en train de cette protestation ?
Je vous l’ai dit, c’est un groupe de personnes qui ont décidé librement de se mettre en marge de ce projet. Je vais vous raconter une petite histoire, parce que je suis quand même un des plus anciens syndicalistes
Il y a eu l’association du badge 1, lorsqu’on a organisé le premier sommet de l’UDEAC à Yaoundé. Le badge 2 survint quand le président chinois arrive au Cameroun. Le badge 3, lorsque l’insécurité s’est généralisé, et il y a eu le badge 4 qui est le badge de la CAN. Depuis 2001, on a mis le badge en place. Quel est le résultat ? Alarmant.
Que ces syndicats se regardent dans le miroir. Est-ce qu’ils ont apporté des réponses aux problèmes des taximen ? Je dis non. D’ailleurs, ils veulent vendre au taximan un badge à 15.000 francs. Nous avons refusé une telle chose, en invitant le ministère des transports à s’occuper de la fabrication de ces badges.
Alors que le maire de la ville est en train de mettre en place un système qui va permettre non seulement de connaître le nombre de taxis, de connaître le nombre de chauffeurs et de projeter un travail décent des employés qui, pendant longtemps, ont été utilisés comme le bétail, ils veulent semer le trouble. Ils refusent aujourd’hui que les taximen viennent s’inscrire.
Comment peut-on moderniser une activité sans connaître les statistiques ? Pour organiser une élection, on vous dit qu’il faut connaître la population cible. C’est à base du nombre de personnes, qu’on mène des études, qu’on mène des statistiques sur le plan social, sur le plan éducationnel, sur le plan de développement.
Venir attaquer le maire aujourd’hui, qui a hérité d’un projet, c’est manifester son égarement. C’est pourquoi, je les appelle des syndicats microbes. Ils se baladent avec les cachets dans des sacs, pour demander partout : on grève où ? C’est un groupe de la secte de Messa, qui ne cherche jamais à savoir si ce qu’on leur dit est bon ou mauvais. Aujourd’hui, l’histoire a fini par les rattraper, parce que le Camarade Essomba, moi et les autres syndicats, nous sommes restés dans le projet, qui finira par porter les fruits escomptés.
On avait espoir que ce projet que nous demandons depuis 1999, depuis la première grève des transports au Cameroun, allait atteindre son apogée.
Propos recueillis par A.K.N.