Enregistrement des naissances : 1 enfant fantôme sur 3 au Cameroun
À l’occasion de la Journée africaine de l’enregistrement civil, l’Unicef et ‘Vital Strategies’ s’engagent à faire de 2024 l’année de l’enregistrement des naissances au Cameroun, où un enfant sur trois reste sans identité légale. Un défi urgent pour garantir les droits des plus vulnérables.
On dirait une crise d’enregistrement des naissances au Cameroun. Selon les chiffres de 2023, sur 566.680 naissances dans les formations sanitaires, seulement 248.013 ont été enregistrées, soit un taux de 43,77 %. Cette situation est d’autant plus préoccupante que 1.569.660 enfants, soit 30,4 % des élèves inscrits à l’école primaire, n’ont pas d’acte de naissance. Ces statistiques révèlent l’urgence d’agir pour garantir une identité légale à chaque enfant.
Pour résoudre le problème, le Fonds des nations unies pour l’enfance (Unicef) et l’Organisation non gouvernementale ‘’Vital Strategies’’ ont décidé de s’unir pour faire de 2024 une année charnière pour l’enregistrement des naissances au Cameroun. La veille de la Journée africaine de l’enregistrement civil et des statistiques vitales, célébrée le 10 août, ces organisations ont initié une série d’initiatives visant à mobiliser les acteurs locaux. Nadine Perrault, représentante de Unicef-Cameroun, révèle à ce sujet qu’« une évaluation réalisée par l’Unicef en 2020 a mis en évidence le rôle central du maire dans le système d’enregistrement des naissances ».
La campagne « Mon nom »
Dans le cadre de cette dynamique, l’agence onusienne a lancé la campagne « Mon nom (mon identité, mon droit) », un défi adressé aux maires pour accélérer l’enregistrement des naissances dans leurs municipalités. Les maires sont ainsi encouragés à rendre les services d’état civil plus accessibles, notamment en les rapprochant des postes de santé. Ce critère sera déterminant pour évaluer leur engagement. De plus, l’enregistrement des enfants inscrits dans les écoles primaires sera également pris en compte.
Pour inciter ces élus à s’investir dans cette cause, l’Unicef a prévu de récompenser les dix municipalités ayant fourni les efforts les plus significatifs. Ce sera lors de la Journée mondiale de l’enfance, le 20 novembre 2024. À ce jour, 132 maires ont déjà rejoint la campagne baptisée « Mon nom », témoignant d’un engagement croissant pour l’enregistrement des naissances, apprend-on.
Un plan stratégique pour l’avenir
Le Cameroun sera également mis en avant dans la campagne ‘’Counting Everyone’’ de ‘’Vital Strategies’’. Celle-ci vise à améliorer la coordination des systèmes d’enregistrement civil et des statistiques vitales (CRVS) à l’échelle nationale. Un plan stratégique, devant s’étendre de 2025 à 2029, sera développé pour mettre en œuvre un système d’état civil numérique, permettant de comptabiliser chaque naissance et chaque décès.
Comme l’affirme Anaclet Désiré Dzossa, Chef de Division au Département des Statistiques démographiques et Sociales : « Notre engagement est justifié par l’importance d’enregistrer et de consigner les événements vitaux pour garantir que tous les citoyens soient légalement identifiés, afin que leurs droits soient protégés. » Cette déclaration présente la nécessité d’enregistrer les naissances, pour assurer un avenir meilleur aux enfants camerounais.
Ce droit fondamental bien mentionné dans la CDE, doit être garanti à chaque enfant. Grâce à l’engagement de l’Unicef, de ‘’Vital Strategies’’ et des magistrats municipaux camerounais, 2024 pourrait marquer un tournant décisif dans la lutte pour l’identité légale des enfants sur le triangle national. Il est essentiel que tous les acteurs se mobilisent, pour faire de cette initiative un succès, afin que chaque enfant puisse bénéficier de ses droits et d’un avenir prometteur.
A.K.N.