Littérature : la voix des silencieux dans un livre
Henri Evouna Etoundi, déficient auditif, rend hommage au Révérend Andrew Jackson Foster pour ses œuvres en Afrique en faveur des sourds. La cérémonie de dédicace y relative a eu lieu mercredi 2 octobre 2024 à Yaoundé, la capitale camerounaise.
Patrimoine du Révérend Dr Andrew Jackson Foster : l’éducation et l’évangélisation des sourds en Afrique occidentale et centrale. C’est le titre de l’ouvrage de l’auteur camerounais Henri Evouna Etoundi, déficient auditif. Le livre a été présenté mercredi 2 octobre 2024, dans la salle des fêtes du parc Kyriakides à Yaoundé.
Cette cérémonie de dédicace fait partie de multiples activités que tiennent l’Organisation camerounaise pour le développement des sourds (OCDS) à l’occasion de la célébration de son 20e anniversaire cette année. Objectif de cette présentation du livre : montrer au monde, que les sourds-muets peuvent également écrire.
Le contenu du livre
Edité en français et en anglais, le chef d’œuvre de Henri, compte 264 pages. Il s’attarde exclusivement sur le parcours de cet Américain né en 1925, devenu sourd à l’âge de 11 ans et engagé pendant toute sa vie, dans l’évangélisation et l’éducation des sourds en Afrique.
« Foster a créé des écoles de sourds dans 13 pays dont 11 francophones et 2 anglophones. Il commence par le Nigéria, ensuite le Ghana, puis la Côte d’ivoire avant les autres », raconte Henri Evouna, lors de la présentation sommaire de son ouvrage. Il s’exprime ainsi, en langue des signes, devant un public constitué aussi bien de sourds comme lui, que de personnes aux auditions normales, -même si la rencontre semblait être prioritairement destinée aux journalistes-. Ses propos sont interprétés par Marilyn Fabiola Batchayo Tankoua.
De Kumba à Buea
1977, lorsque Andrew Jackson Foster arrive au Cameroun, il constate qu’il existe déjà une école de sourds à Yaoundé. C’est pourquoi il va aller fonder la ‘’Ephata Institut for Deaf’’ à Kumba, qui sera léguée par la suite à une Organisation non gouvernementale et déportée à Buea.
Ce Révérend visionnaire ne vit plus certes, mais ses œuvres continuent de faire parler de lui. Marié à une sourdes, morte également à près de 100 ans, ses enfants parmi lesquels ceux qui parlent normalement, poursuivent la mission de leur père : éduquer et évangéliser les sourds dans le monde.
Inspirer d’autres personnes…
Selon Marcelin Atangana, président de l’OCDS, à travers son interprète André Lionel Bikond, « raconter l’histoire des sourds » ainsi, apparaît comme une sorte de « sensibilisation », mais surtout une manière d’« inspirer d’autres personnes à agir comme Foster ». Ceci permettra de contribuer efficacement à l’inclusion sociale, tout en entrainant l’apport de ces personnes à part entière (et non à part) au développement.
De toutes les façons, après la dédicace, la question des sourds alimente encore les assises. Le parc Kyriakides a servi de cadre le lendemain, aux tables rondes sur l’accès à l’information chez les sourds et l’utilisation de la langue des signes. Le festival de la voix des silencieux est par la même occasion prévu samedi 5 octobre, au village Noah. Et le livre de Henri Evouna Etoundi, y est en vente, en attendant de se répandre dans d’autres pays d’Afrique, si des financements et accompagnements se prononcent.
Arnaud Kevin Ngano