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Taxis par moto au Cameroun : risque de perturbation annoncé dans le Littoral

Des leaders des syndicats des conducteurs des moto-taxis regroupés en collectifs des présidents nationaux, saisissent un huissier de justice près la cour d’appel du Littoral, pour servir une sommation au maire de la ville de Douala et au directeur général de la société de MTN-Cameroun. Les deux personnalités sont appelées à cesser d’utiliser les moto-taximen aux fins de publicité et de fournir dans les huit prochain jours, une preuve d’entente conclue entre les différentes parties.

« Aujourd’hui, le maire de la ville de Douala et MTN prennent les conducteurs de moto-taxi pour leurs plaques publicitaires. Nous disons non à cela ! » Devant des journalistes ce mercredi 30 octobre 2025 à Yaoundé, la capitale camerounaise, Bertin Mathieu Fodjeu, porte-parole du collectif des présidents nationaux des syndicats des conducteurs de l’engin à deux roues constitués pour défendre leurs intérêts, se plaint du comportement d’un opérateur de téléphonie mobile en complicité avec la mairie de la ville de Douala. Ils sont ainsi accusés d’exploiter illégalement les conducteurs de moto à des fins onéreuses.

L’un des objets de la discorde dans le secteur des moto-taxis.

Pendant plusieurs mois, le maire de la ville de Douala et son partenaire, ont procédé à l’identification de milliers d’acteurs du secteur du transport par moto. Loin d’être un véritable moyen de lutte contre l’insécurité, cette procédure est qualifié d’arnaque par les syndicalistes. Car « des sommes d’argents sont prélevés aux camarades lors de l’inscription et des transactions », révèle M. Fodjeu, sous un ton grave et sérieux.

La version des accusés

Pourtant Dr Roger Mbassi Ndine, maire de la ville de Douala, précise bien que « l’identification est gratuite et les pièces exigées sont : la copies de la CNI, le permis de conduire de catégorie ‘A’ ainsi que la carte grise ». Cela figure d’ailleurs dans le communiqué radio-presse, qu’il a signé en début juillet dernier.

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Face au mécontentement de ces syndicalistes, « l’opération d’identification est aux arrêtés », informe Charles Djeumeni, syndicaliste, installé dans le chef-lieu de la région du Littoral. Même si cela n’empêche pas la propagation de l’image de l’entreprise de téléphonie mobile dans la ville, grâce aux nombreux conducteurs déjà inscrit et portant des chasubles sur lesquels sont estampillés le logo de la société en question.

Non-respect des textes en vigueur

Cette opération décriée ne paraît pas conforme aux textes portant organisation de ce secteur d’activité. En effet au Cameroun, c’est la mairie d’arrondissement qui identifie les moto-taximen, et non la mairie de la ville. Le décret N° 2008/344/PM du 31 décembre 2008, fixant les conditions et les modalités d’exploitation des motocycles à titre onéreux, le mentionne.

Activité de sensibilisation des moto-taximen à Yaoundé.

Curieusement, ceci se déroule sous le regard passif des autorités administratives, garant de l’application des lois au pays. Des correspondances relatives à ce problème, ont même été adressées des jours avant, à certains membres du gouvernement, apprend-on, sans suite favorable.

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« Nous avons saisi le ministre de l’administration territorial, Paul Atanga Nji, garant de la sécurité ; il est resté muet jusqu’à ce jour. Deux semaines après, nous avons écrit au Premier ministre, chef du gouvernement par rapport à cette violation des textes, aucune réponse. La seule solution, est donc de passer à une seconde étape », déclare Bertin Mathieu.

Risque de perturbation…

Au siège de la Fédération camerounaise des coopératives des moto-taxis à Yaoundé, lieu de la tenue de la conférence de presse mercredi 30 octobre 2024, une annonce forte a également été faite : « Si rien n’est fait au plus tôt, nous allons boycotter toutes les offres de MTN ». Durant une période préalablement définie, les moto-taximen, membres des syndicats aux abois, vont se débarrasser des cartes Sim MTN, à en croire le porte-parole du collectif.

Pour l’heure, un huissier de justice vient de servir une sommation ferme aux responsables de la société MTN et de la mairie de la ville de Douala. Selon le document, ils doivent « cesser l’utilisation non autorisée et frauduleuse des membres, aux fins de publicité assortie d’une demande d’explication sous peine de poursuites judiciaires ».

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Arnaud Kevin Ngano