LatestNews

Au Cameroun, les femmes handicapées subissent une double violence

Malgré les efforts du gouvernement et ses partenaires pour améliorer les conditions de vie des personnes handicapées au Cameroun, la marginalisation continue d’accentuer les violences faites aux femmes aux possibilités d’interactions limitées.

Angeline Evina Bella est handicapée moteur au pied. Etudiante, elle fait face à plusieurs problèmes au quotidien : « En tant que femme handicapée, je subis une double violence », affirme-t-elle. Cet adepte de la défense des droits humains, accuse un retard scolaire, puisque c’est à 14 ans qu’elle a commencé les classes.

LIRE AUSSI

Mise en place des stratégies de communication pour accroître la visibilité des jeunes handicapés.

« A cette âge-là, une de mes tantes a demandé à ma maman pourquoi est-ce qu’elle m’envoie à l’école. Elle lui proposait d’ailleurs de me faire apprendre à coudre et les hommes pourront souvent venir entretenir des rapports sexuels avec moi, pour me permettre de faire des enfants que ma mère devra éduquer et élever », raconte-t-elle. Chose qu’Angeline a catégoriquement refusé, parce qu’elle a toujours admiré des dames comme Denise Epoté, Anne Marthe Mvoto, Barbara Nkono et bien d’autres. Malgré les railleries et moqueries qu’elle essuie depuis son enfance, elle impose sa personnalité dans la société.

Environ 500 000 femmes handicapées au Cameroun

Au Cameroun, les personnes handicapées et particulièrement les femmes sont confrontées à l’accès limité à l’éducation, à l’emploi et aux infrastructures. Selon le gouvernement, elles sont au moins 500 000 à subir ces calvaires, très souvent liés à la discrimination. « Quand le moment de faire un enfant est arrivé, ça a été extrêmement difficile chez moi, parce que je suis une personne handicapée », confie Angéline Evina.

LIRE AUSSI

Ainsi, pour mieux contribuer au changement de la situation, Angeline Evina Bella, présidente de la Coordination des associations des étudiants handicapés des universités du Cameroun, mène régulièrement des combats pour que les autorités (traditionnelles et municipal) de l’arrondissement de Yaoundé 6 par exemple, impliquent les personnes handicapées dans les comités de quartier. Grâce à l’accompagnement et aux multiples formations des organisations du système des nations unies, ses camarades et elle travaillent à la vulgarisation des droits des personnes handicapées.

Campagne d’activisme contre les violences…

C’est dans cette logique qu’une quinzaine de représentants des associations des personnes handicapées a été appelé à participer à une rencontre, le 9 décembre 2024 au siège de Onu-femme au Cameroun. Thème de l’assise : défis, perspectives et succès de vie des personnes handicapées. L’activité s’inscrivait dans le cadre de la campagne de 16 jours d’activisme contre les violences faites sur les filles et femmes.

Le Système des nations unies et ses partenaires sont en guerre contre les violences faites aux femmes. © Josiane Afom

« Nous avons pensé qu’il est opportun d’avoir une activité phare que nous organisons avec les principaux concernés », dit Marie Pierre Raky Chaupin, Représentante résidente Onu-femme au Cameroun. De cette concertation du groupe des nations unies sur le handicap et l’inclusivité ont découlé des recommandations, à savoir :

  • Former davantage les femmes sur les connaissances de leurs droits
  • Multiplier les partages d’expériences afin de mettre en garde les femmes handicapées
  • Médiatiser les questions les violences basées sur le genre (VBG)
  • Renforcer l’accompagnement des mouvements de défense des droits des femmes handicapées
  • Assouplir les critères des appels à projet sur les droits des femmes et la lutte contre les violences faites aux femmes, afin que les associations des femmes handicapées aient accès aux ressources
  • Mettre un accent sur les sensibilisations dans des séminaires des différentes administrations

LIRE AUSSI

L’association « Le son du sourd » prône l’inclusion.

Qui sait ? Peut-être qu’en mettant effectivement en application ces recommandations, tout ira pour le mieux chez les femmes handicapées dans la société camerounaise.

Arnaud Kevin Ngano