Insécurité alimentaire : 13 départements en situation de crise au Cameroun
C’est l’un des résultats de l’analyse Cadre harmonisé, d’identification des zones à risque et d’analyse des populations en insécurité alimentaire au Cameroun pour la période allant d’octobre à décembre 2024, rendu public jeudi 12 décembre au cours d’une communication gouvernementale à Yaoundé.
La situation alimentaire est loin d’être reluisante dans certaines zones du Cameroun. Des localités dans les régions de l’Extrême-nord, du Nord-ouest et du Sud-ouest sont dans une insécurité en ce moment, sur le plan nutritionnel. « 13 départements sont en phase de crise, dont 5 dans le Sud-ouest, 4 dans le Nord-ouest et 4 dans l’Extrême-nord », confirme Hamadou Maïna, coordonnateur du Projet d’urgence de lutte contre la crise alimentaire (Pulcca), lors de la cérémonie de jeudi 12 décembre 2024, au Hilton hôtel de Yaoundé.
Conflits et calamités, comme causes
En fait au Cameroun, 10,82% de personnes sont ainsi en insécurité alimentaire. Soit 3 080 145 personnes, parmi lesquelles 265 314 en situation d’urgence. La situation était pourtant moins grave l’année dernière, car 10 départements étaient en crise, 3 de moins que cette année qui s’achève. Les causes, à en croire l’analyse Cadre harmonisé du Pulcca, ne sont rien d’autres que l’insécurité civile, la conjoncture internationale et le changement climatique.
« La réduction des subventions sur les prix des hydrocarbures, conjuguée aux contraintes sécuritaires dans des localités des régions du Nord-ouest, du Sud-ouest et de l’Extrême-nord, ont probablement provoqué des perturbations dans les circuits de production », révèle lesdits résultats. De même, les inondations observées dans le Logone et chari ainsi que dans le Mayo danay constituent des facteurs déterminants de cette situation de crise.
Un avenir prometteur malgré tout…
Même si Gabriel Mbairobe, ministre en charge de l’agriculture soutient qu’il est pratiquement impossible d’empêcher la crise alimentaire parce que ses facteurs ne dépendent pas forcément de l’être humain, l’espoir profile à l’horizon. Selon les projections, entre juin et août 2025, on ne comptera que 9 départements en phase de crise alimentaire au Cameroun, toujours dans les 3 régions sus-citées. « Concernant la période projetée (juin-juillet-août 2025), il est attendu que la situation alimentaire des ménages soit bonne dans 28 départements (phase minimale), relativement acceptable dans 21 départements (sous pression) et dégradée dans 9 départements c’est-à-dire en phase de crise (phase 3). Ces départements seront dans les régions de l’Extrême-nord (Logone et Chari, le Mayo Danay, Mayo Sava, Mayo Tsanaga et Mayo Kani) ; du Nord-ouest (Donga-Mantung, Menchum, Momo) ; et du Sud-ouest (Ndian) », détaille le ministre.
Pour justement améliorer cette situation alimentaire et nutritionnelle des ménages vulnérables, des recommandations sont formulées. Elles sont destinées aux collectivités territoriales décentralisées, aux institutions humanitaires, aux services techniques du ministère de l’agriculture et du développement rural, ainsi qu’au gouvernement :
- Les activités de suivi et renforcement de la sécurité alimentaire doivent être intégrées dans les plans communaux et régionaux de développement
- Les partenaires humanitaires quant à eux, doivent, entre autre, apporter un appui technique et financier aux études et opérations de collecte de données de sécurité alimentaires et nutritionnelle
- La mise en place des activités d’accompagnement des communautés à l’éducation nutritionnelle et la production des cultures à hautes valeurs nutritives, est nécessaire
- Le gouvernement devra rendre opérationnel le dispositif de prévention et de gestion des crises alimentaires et nutritionnelle sur le triangle national
Pour rappel, cette étude dont les résultats ont été livrés jeudi dernier à Yaoundé, a été menée grâce aux appuis du Programme alimentaire mondial (PAM), de la Banque mondiale, aux côté du ministère de l’Agriculture et du développement rural. Le gouvernement compte beaucoup sur ses partenaires au développement pour les reconstructions et l’assistance humanitaire, tout en misant sur l’agriculture de seconde génération et le système d’alerte météo.
Arnaud Kevin Ngano