Fête de pâques : « paix et unité, gages de prospérité » au Cameroun
Partant du constat selon lequel, le Cameroun fait face à une réalité sombre : la persistance des batailles tribales et de la haine qui minent la cohésion nationale, Monseigneur Christophe Zoa, recommande une prise de conscience. Dans son message en ce jour de fête de pâques, marquant la résurrection du Christ, symbolisant l’espoir et la lumière, l’évêque du diocèse de Sangmélima pense que la paix et l’unité, véritables gages de prospérité, sont plus que jamais nécessaires pour bâtir un avenir harmonieux.
Les richesses culturelles et ethniques du Cameroun font de la paix et de l’unité des piliers du développement et de la prospérité. Pourtant, force est de constater que ces valeurs fondamentales sont aujourd’hui mises à rude épreuve sur le triangle national, par des conflits tribaux, des divisions ethniques et une haine qui alimentent un cycle de violence dévastateur. Cette réalité émanant parfois des rivalités ancestrales, des enjeux fonciers ou des différends politiques, fragilisent la cohésion nationale. Ces divisions, entretenues par des discours de haine et des manipulations comme le décrit l’évêque pendant son homélie ce matin, empêchent le pays de progresser dans une harmonie collective. La violence qui en découle ne se limite pas à des affrontements ponctuels : elle engendre la méfiance, la peur, et surtout, la rupture du tissu social.
En effet, le message de l’évêque du diocèse de Sangmelima, Mgr Christophe Zoa pendant la messe de pâques ce dimanche matin à la cathédrale St Joseph, résonne comme un appel à la conscience collective : « Le monde en a tant besoin, notre Diocèse et notre Département en ont tant besoin. En ce matin de Pâques, je renouvelle encore sans lassitude mon appel à l’Amour, car il est temps de sortir du cauchemar des guerres et des divisions. » Ces mots invitent chaque citoyen à prendre ses responsabilités pour que le Cameroun devienne un pays uni et pacifié.
Les conséquences d’un pays divisé
Les effets de ces divisions sont visibles dans tous les secteurs : l’économie, l’éducation, la santé, la gouvernance. La méfiance entre communautés par exemple, freine les investissements, déstabilise la stabilité sociale et empêche la mise en œuvre de projets de développement. La pauvreté et la misère s’en trouvent aggravées, car la paix est le terreau de toute croissance durable.
Une étude récente mentionne que « combattre la misère c’est travailler à la construction de la paix, dont l’absence condamne les populations à vivre dans des conditions qui rendent illusoire leur désir d’amélioration de leurs conditions de vie en termes de santé, de travail, de responsabilité, d’éducation. » Ainsi, la paix ( faut-il le redire) apparaît comme une obligation pour que le Cameroun puisse évoluer vers un avenir meilleur.
Les racines de la haine
Les causes de ces conflits sont multiples : héritages historiques, rivalités économiques, manipulations politiques, mais aussi ignorance et méconnaissance de l’autre, semble bien savoir, l’homme de Dieu. La haine devient alors un poison qui ronge le cœur des communautés, alimentant un cycle infernal de représailles et de violences.
Le message pascal rappelle alors que « le Christ est Ressuscité ! » et que cette résurrection est une source d’espérance. Elle invite à transformer la nuit de la haine en lumière de la réconciliation. Loin d’être des utopies, la paix et l’unité apparaissent comme des choix concrets à faire chaque jour.
Responsabilité collective
Tous les citoyens, les leaders communautaires ou les politiques, doivent retenir à partir de ce message pascal, que la paix ne se décrète pas, mais se construit. La solidarité, le dialogue, la tolérance constitueront alors les maîtres-mots pour dépasser les divisions. A ce sujet, la foi chrétienne, rappelle que « la paix soit avec vous ! » et que tous sont envoyés pour être des artisans de paix.
L’homélie insiste aussi sur l’importance du travail et de l’engagement personnel : « Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus » (2 Th 3,10). La paix exige un effort collectif, une volonté ferme de dépasser les rancœurs pour bâtir un avenir commun.
La renaissance des cœurs
« Dans la nuit Dieu parle », précise Mgr Christophe Zoa et même dans les ténèbres, la lumière peut jaillir. Il appartient donc à chaque Camerounais de faire le choix de la paix, de l’unité et de la fraternité pour que la nation puisse avancer vers un avenir prospère.
« La nuit noire du cœur de l’homme peut toujours devenir source de lumière pour lui-même et pour le monde », révèle d’ailleurs le chef religieux du diocèse de Sangmélima. La véritable renaissance du Cameroun commence par la renaissance des cœurs, par le refus de la haine et la volonté de bâtir ensemble un pays uni, où chaque différence devient une richesse et non une source de division.
Arnaud Kevin Ngano