Gestion des déchets : un imbroglio gouvernemental au Cameroun ?
Face aux ordures ménagères qui étouffent les habitants des villes et villages du pays du président Paul Biya, deux ministères annoncent l’organisation de deux activités aux motifs identiques à Yaoundé, au mois de mai. Pendant que le ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et du Développement durable prépare la bourse nationale des déchets, celui de l’Habitat et du Développement urbain s’active pour les états généraux sur la gestion des ressources en déchets urbains. Une situation complexe, dans laquelle il est difficile de retrouver une cohérence sur le champ.
Mardi 22 avril à l’immeuble ministériel numéro 1, la salle de réunion du premier étage est bondée de monde. Le ministre de l’Habitat et du Développement urbain (Minhdu), Célestine Ketcha Courtes en compagnie de son homologue de la Décentralisation et du Développement local (Minddevel), Georges Elanga Obam sont face aux journalistes, pour apporter des éclairages sur les états généraux sur la gestion des ressources en déchets urbains prévus les 6 et 7 mai dans la capitale politique du pays.
Situation confuse
Après les propos liminaires de Célestine Ketcha Courtes insistant sur l’importance de l’évènement en préparation, une question d’un confrère du média audiovisuel public va visiblement un peu embarrasser les conférenciers. « Pourquoi est-ce que c’est le Minhdu et le Minddevel qui organisent ces états généraux et pas le ministère en charge de l’environnement ? », demande-t-il. Petit moment d’entente entre les deux membres du gouvernement, puis le ministre Geoges répond en premier : « Je crois qu’il faut considérer que le gouvernement est un. Le ministère que dirige Mme Courtes est en charge de la propreté des villes ; pour faire cette propreté, il faut traiter les déchets. Donc la question de qu’est-ce que les déchets produisent sur notre environnement n’est pas de notre responsabilité. »
A la suite du ministre de la Décentralisation et du Développement local chargé du suivi des communes, le ministre de l’Habitat et du Développement urbain confirmera également qu’il n’est aucunement question de se substituer au ministre de l’Environnement, de la Protection de la nature et du Développement durable. « Nous avons associé à ces états généraux, le ministère de l’environnement, qui s’occupe de l’impact et l’adaptation en matière de changement climatique impacté par les effets des déchets », dit-elle.
Seulement, chez Pierre Hele, ministre de l’Environnement, de la Protection de la nature et du Développement durable, certains haut-cadres affirment avoir été surpris de découvrir cette activité des 6 et 7 mai, dans les journaux. « Le niveau d’information que j’ai, ne me permet pas de confirmer la participation institutionnelle du Minepded », lâche un des plus proches collaborateurs du ministre Hele Pierre. Mais Marcellin Bema, chargé de la communication, rassure qu’il n’y a aucun problème. Car, « les états généraux concernent les déchets urbains qui sont de la responsabilité du Minhdu, qui co-organise avec le Minddevel, tutelle des communes ».
La bourse nationale des déchets
Ici, on vient de convoquer l’assemblée générale de la bourse nationale des déchets devant se tenir le 28 mai toujours dans le chef-lieu de la région du Centre. Cette plateforme qui rassemble déjà 12 entreprises privées et 13 collectivités territoriales décentralisées se présente comme un outil permettant d’identifier des opportunités de valorisation des déchets pour une gestion efficace et rentable des matières premières.
Ce projet de bourse des déchets remonte à fin avril 2016, lors des premières assises nationales sur les déchets, avec pour thème : « gestion des déchets, vers une économie circulaire ». La rencontre visait justement à étudier les enjeux de transformation de ce qui était déjà considéré comme une contrainte, en opportunité. En clair, on devait faire émerger l’économie circulaire durable et inclusive.
Arnaud Kevin Ngano