Education inclusive : témoignage de Ngo Momnugui Esther, enseignante au Cjarc
À l’occasion d’un séminaire de formation organisé par le Club des jeunes aveugles réhabilités du Cameroun (Cjarc), l’équipe d’Actualité du Cameroun est allée à la rencontre de Ngo Momnugui Esther, enseignante en classe de moyenne section inclusive. À travers son témoignage, elle dévoile les réalités du terrain, les défis quotidiens et les méthodes spécifiques mises en place pour garantir une éducation adaptée à tous les enfants, sans distinction.
Ngo Momnugui Esther est enseignante spécialisée en éducation inclusive depuis plusieurs années au Cjarc, un établissement pionnier dans la réhabilitation et l’accompagnement scolaire des enfants en situation de handicap au Cameroun. Formée en pédagogie adaptée, elle travaille en classe de moyenne section où elle accueille à la fois des enfants neurotypiques et des élèves à besoins spécifiques (autistes, déficients auditifs, …).
Passionnée par l’inclusion scolaire, elle milite pour une approche centrée sur l’enfant et sur l’individualisation des apprentissages.
Une salle de classe inclusive : entre défis et adaptations
Dans sa classe, Ngo Momnugui Esther encadre aujourd’hui 24 élèves, dont trois enfants à besoins spécifiques : deux autistes et une élève déficiente auditive. « L’éducation inclusive exige de rassembler dans une même salle les enfants dits “ordinaires” et ceux à besoins spécifiques, tout en aménageant les consignes et les supports pour ces derniers », explique-t-elle.
Pour accompagner l’élève déficiente auditive, chaque activité est traduite en langue des signes par l’un des deux enseignants présents en classe. « Anaël suit les mêmes leçons que ses camarades, car son développement intellectuel est normal. Il faut simplement ajuster la présentation des consignes pour lui permettre de tout assimiler », précise-t-elle.
Des adaptations permanentes pour les élèves autistes
L’accompagnement est encore plus personnalisé pour les élèves autistes, qui suivent un programme individualisé selon leur niveau de développement. Certains, encore en phase d’adaptation, ont besoin d’un suivi rapproché : les exercices sont simplifiés, appuyés par des gestes, des jeux moteurs ou des modèles visuels. « Lorsqu’on enseigne la notion du chiffre 1, il faut matérialiser concrètement : compter un caillou, sauter dans un seul cercle, répéter avec différentes stratégies », illustre l’enseignante.
Avant d’atteindre les compétences scolaires classiques, il est indispensable de travailler sur les prérequis : établir un contact visuel, savoir pointer, interagir, suivre des routines. « Ces bases sont essentielles pour que l’enfant puisse ensuite acquérir des savoirs cognitifs », insiste-t-elle.
La classe spécialisée : un passage obligatoire
Au Cjarc, les enfants intègrent d’abord une classe spécialisée avant d’accéder à une classe inclusive. « Cet espace sert à stabiliser l’enfant, à l’aider à comprendre les routines scolaires, à développer ses capacités sociales, de communication et d’autonomie », explique Mme Momnugui. Cette première étape est capitale pour préparer l’enfant à s’inscrire dans une dynamique d’apprentissage durable.
Une évaluation rigoureuse pour une intégration réussie
L’affectation dans une classe dépend d’une évaluation précise du niveau de chaque enfant, et non de son seul âge biologique. « Nous analysons leurs compétences sociales, leur autonomie, leur mobilité, leur communication et leurs capacités cognitives. C’est cette évaluation qui oriente l’intégration », détaille l’enseignante.
L’approche est donc personnalisée et s’adapte aux besoins réels de chaque enfant, pour lui offrir un environnement d’apprentissage respectueux et stimulant. À travers son engagement quotidien, Ngo Momnugui Esther incarne l’esprit de l’éducation inclusive : permettre à chaque enfant de développer son plein potentiel, dans un environnement bienveillant et adapté.