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« Non à la haine » : des journalistes en guerre contre la désinformation

Le Syndicat des professionnels de l’information et de la communication (Spic) mène une campagne pour l’indépendance et la liberté de la presse au Cameroun, en s’attaquant à la presse aux ordres ainsi qu’aux discours de haine dans les médias d’information. Décision prise à l’issue des Universités de la presse mardi 6 mai 2025, à Yaoundé.

Dans la salle baptisée Mezzanine du bureau régional de l’Organisation des nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) à Yaoundé, Dr Pierre Le Grand Nka exprime sa peur face à l’essor de l’intelligence artificielle au Cameroun. Bien qu’il ne se considère pas comme un expert en IA, il estime que le journalisme est en danger avec la domination de l’innovation technologique. Cela encourage la paresse et l’Afrique demeure un meilleur consommateur, n’ayant pas la maîtrise technologique, selon lui.

Un atout pourtant

Ce mardi matin, le politologue fait partie des cinq intervenants à la deuxième édition des Universités de la presse organisée par le Syndicat des professionnels de l’information et de la communication. Le thème : « Impact de l’intelligence artificielle et des réseaux sociaux sur la liberté de la presse et des médias ». L’activité rentre dans le cadre des manifestations de la Journée internationale de la liberté de la presse célébrée chaque 3 mai.

Nous nous sommes adossés sur la thématique de l’Unesco, qui est d’actualité au regard de ce qui se passe dans notre environnement. Et nous voulons faire de l’intelligence artificielle, un atout dans notre travail. » –Thierry Eba, président national Spic

La crainte du Dr Pierre Nka, contaminant visiblement des femmes et hommes de médias massivement présents dans la salle, est très vite effacée (du moins chez le public) par l’universitaire Hervé Tiwa, par ailleurs directeurs exécutifs de l’association Med.IA laboratory. « Qu’on le veuille ou pas, l’IA va s’imposer dans nos métiers, sans exception », rappelle ce troisième conférencier de la rencontre, avant d’insister qu’il faut absolument apprendre à utiliser ces nouveaux outils numériques. Car, « si vous êtes con, l’intelligence artificielle va vous rendre plus con ; mais si vous êtes un peu intelligent à la base et que vous avez une formation sur la maitrise des outils et les techniques du prompting, vous serez plus intelligent », explique-t-il.

IA, réseaux sociaux et journalisme

Selon cet expert en transformation digitale, s’approprier l’intelligence artificielle dans les rédactions sans se déshumaniser se résume au fait de se faire aider tout au long du processus de fabrication de l’information. C’est-à-dire de la recherche de l’information à l’après production journalistique en passant par la vérification des sources. Une position que le Professeur Baba Wame ne conteste pas lors de son tour de passage.

Pr Baba Wame, au cours de la 2e édition des Universités de la presse au siège de l’Unesco Afrique centrale. © SPIC

L’enseignant d’université et président de l’Unions des cyber-journalistes du Cameroun va particulièrement s’attarder sur la pratique du journalisme à l’ère des réseaux sociaux. Partant de la présentation de ces plateformes comme une révolution ambigüe, le spécialiste des technologies de l’information et de la communication épluche les pistes de solutions contre la désinformation. Il faut en fait « éduquer, réguler sans censurer et se réinventer ». Ainsi, des exemples de plugging à utiliser dans l’exercice du métier, ont été évoqués.

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La revalorisation du journalisme de qualité en Afrique centrale.

A la fin de cette conférence intitulée Université de la presse, le Spic a lancé la campagne « l’information, non à la haine ». Objectif : inviter les responsables et professionnels de médias à pratiquer dignement le journalisme adossé sur des principes de la Charte de Munich.

Arnaud Kevin Ngano