Méthode mère Kangourou : sauveuse des bébés prématurés
Le Dr Manaouda Malachie, ministre de la santé publique a présidé vendredi 17 novembre 2023 à Yaoundé, la cérémonie de célébration de la journée mondiale de la prématurité. L’édition de cette année a été axée sur la méthode mère Kangourou.
« Le 14 avril 2023, j’ai accouché, après 6 mois de grossesse, d’un bébé d’un kg à la naissance, qui est descendu à 700 g. C’était au Centre de solidarité africaine à Efoulan , et on m’a référé à la Fondation Chantal Biya. Bébé miracle comme je l’ai surnommé, a fait 2 mois dans la couveuse et autant de temps sous oxygène. Pesant 7 kg aujourd’hui, il a eu à prendre 4 poches de sang. » Assise sur une chaise en plastique de couleur blanche, quelques mètres après l’entrée principale de la Fondation Chantale Biya, l’ère épuisée alors qu’elle assume son devoir de maman -consistant à nourrir son fils-, Raïssa Etonde cherche les mots pour raconter ce qu’elle a traversé avec son bébé prématuré. Plus de peur que mal ! Puisque le pire qu’elle craignait est passé, mais elle n’arrive pas à oublier cette période horrible.
Vêtue de chemise blanche enfilée dans son pantalon violet, cette jeune femme de 1,60 m, avoue quand même qu’elle n’a jamais perdu confiance, même si son entourage ne l’a pas véritablement encouragé. « J’avais toujours la foi que mon enfant va s’en sortir ». Raïssa est à son deuxième accouchement ; mais elle ne savait rien des bébés prématurés. Sa présence ici, le 17 novembre 2023, n’est d’ailleurs pas un fait de hasard. Cette mère de bébé prématuré est venu partager cette partie de sa vie, avec d’autres parents, à l’occasion de la journée mondiale de la prématurité.
Une journée sur l’année …
Au Cameroun, la cérémonie officielle de la 15ième édition de cette journée s’est déroulée à l’esplanade de l’entrée administrative de la Fondation Chantal Biya, sous la supervision de Manaouda Malachie, Ministre de la santé publique. Le thème retenu : « Petits gestes, IMMENSE IMPACT : peau à peau immédiat pour chaque bébé, partout dans le monde », a d’ailleurs été au cœur des activités observées.
Ainsi la Méthode mère kangourou (MMK) que Raïssa connait bien pour l’avoir plusieurs fois pratiqué, a non seulement été sur toutes les lèvres ce jour-là, mais a aussi fait l’objet de multiples démonstrations. « La méthode mère kangourou consiste à poser le bébé sur la poitrine de la maman, du papa ou d’un membre de la famille. C’est un peu une sorte de couveuse, puisque ça réchauffe le bébé », explique Louise Edjake épouse Ella, pédiatre à l’hôpital de district de Biyem Assi. Elle précise par la même occasion que « cette méthode est encore plus importante en Afrique, parce qu’on est dans des pays pauvres en voie de développement, où on n’a pas toujours accès à la couveuse ».
Révélation du siècle au Cameroun
C’est une technique, bien prisé en communauté, tel qu’atteste Léonard Kouadio, représentant adjoint par intérim Unicef-Cameroun : « Aujourd’hui, ce n’est pas seulement à l’hôpital qu’on peut s’occuper d’un bébé prématuré. La prématurité se prend en charge au niveau communautaire, il suffit que l’enfant ait les capacités de respirer, de pouvoir téter, les mamans et les papas peuvent suivre leurs enfants par la méthode mère kangourou ».
Cette révélation du siècle au Cameroun en particulier et en Afrique en général, permet de renforcer les liens entre le bébé et le parent qui la pratique, à en croire les spécialistes. Elle semble être une méthode efficace, car elle permet de réduire la mortalité et la morbidité néonatale. La preuve : 7 études sur la mortalité inclues dans la revue Cochrane 2011, révèlent qu’on enregistre une réduction statistiquement significative de 3,4% du risque de mortalité chez les enfants MMK à la sortie d’hôpital. C’est pourquoi l’agence des nations unies s’occupant de la protection des droits des enfants prône et soutient ardemment cette initiative sur le territoire national. Ceci en sollicitant toujours l’implication du gouvernement.
La couveuse est-t-elle nécessaire ?
Mais puisqu’il existe des complications très souvent liées aux détresses respiratoires par exemple, certains nouveau-nés prématurés ont absolument besoin de passer par la couveuse et autres appareils pouvant les stabiliser. Dans cette optique, l’Unicef a profité de la cérémonie officielle du 17 novembre 2023 à Yaoundé, pour remettre un don de moniteur de surveillance des signes vitaux, de table radiante, de Kit de réanimation du nouveau-né, d’oxymètre de pouls, d’analyseur d’oxygène, de potence, de masques, d’accessoires et de consommables à la Fondation Chantal Biya.
Autant de choses donnant plus de poids à l’assertion selon laquelle « les bébés prématurés méritent davantage notre affection ». « Ce sont des enfants qui attendent nos attentions pour pouvoir prendre leur envol et devenir comme les autres », affirme le ministre de la santé publique. Selon lui, ils reçoivent « systématiquement et rapidement la grâce de Dieu pour notre famille, notre communauté et notre pays, parce que c’est des gens qui vont contribuer comme les autres au développement du Cameroun ».
Cette journée intervient en fait, en plein mois de la prématurité au Cameroun. Et le patron de la santé d’insister que « nous ne devons pas nous arrêter au mois camerounais de la prématurité, nous devons aller au-delà pour pouvoir faire du Cameroun ce que le président de la République a voulu faire d’ici 2035 ». Cela signifie tout simplement, que les activités, manifestations et actions en faveur des bébés prématurés se poursuivent dans ce pays de l’Afrique centrale, qu’est le Cameroun.
Arnaud Kevin Ngano