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Au moins 30 taximen assassinés en trois mois dans la capitale du Cameroun

La terreur s’empare de la population de Yaoundé et ses environs. Malgré les dispositions sécuritaires prises par les forces de maintien de l’ordre, il devient difficile de passer une semaine sans voir ou entendre parler du corps sans vie d’un taximan allongé à même le sol, non loin de son véhicule…

A Nkozoa, une banlieue de Yaoundé, le chef-lieu de la région du centre, on croyait entamer une journée paisible en cette douce matinée du dimanche 27 octobre 2024. Une illusion qui s’estompe rapidement, puisque la population à peine réveillée, apprend qu’un corps sans vie a été retrouvé non loin du dispensaire Nkozoa, précisément devant la laverie ‘’Le blanc’’. La voiture du défunt, visiblement intact, est garée à côté, lors de la découverte et rien n’a été emporté apparemment, à en croire Mouncherou Ahmadou, président national du Syndicat des chauffeurs de taxis au Cameroun.

Taxi de la victime de Nkozoa, abandonné non loin du corps.

Comme une activité à la mode, les assassinats des taximen prennent de plus en plus de l’ampleur dans la capitale politique du Cameroun. En l’espace de trois mois, on enregistre : pas moins de 30 chauffeurs tués, selon les responsables des organisations socioprofessionnelles des transports. « Parfois les corps sont dénudés, les jambes cassées, les yeux percés… », affirme Jean-Paul Noah, secrétaire général de l’Organisation patronale des syndicats des transports et assimilés du Cameroun (Opstac).

Guet-apens…

Pour Yannick, travailleur dans ce secteur du transport urbain à Yaoundé, les victimes sont probablement attirées dans des guet-apens. Mais difficile de savoir exactement quelles sont les motivations. Même si certains brandissent l’hypothèse de crime rituel, en se référant beaucoup plus aux premiers éléments de l’enquête sur la découverte du corps de cet autre conducteur de voiture jaune, dans le lac municipal de Yaoundé une semaine avant la tuerie de Nkozoa.

La situation est décriée depuis septembre, par les syndicalistes de transport au Cameroun. © Équinoxe TV

Jean-Paul Noah se demande bien à quoi est-ce que ce phénomène renvoie au juste : « Avant les taximen étaient agressés et leurs taxis neufs arrachés pour être vendus. Mais aujourd’hui, ils sont tués et leurs vieux taxis abandonnés surplace. C’est incompréhensible ! ». Le syndicaliste s’interroge également sur le silence du ministre des transports par rapport à ce problème dans son secteur de travail.

Son camarade Prosper Essomba, président du Syndicat national des conducteurs du transport urbain, interurbain et rural du Cameroun (Synctrapuircam), pense que « comme le Cameroun traverse des moments un peu difficiles par rapport à l’approche de l’élection de 2025, c’est une façon de pousser le secteur des transports et plus particulièrement le secteur des taxis à bout, pour qu’ils se soulèvent ». Il invite le gouvernement, les services compétents, dont la police, la gendarmerie et les services de renseignement, à véritablement assurer la sécurité des acteurs du secteur du transport.

Mobilisation et sensibilisation

Face à cette criminalité galopante, malgré les efforts des pouvoirs publics à travers la gendarmerie, les acteurs du secteur des transports décident de se mobiliser pour une campagne de dénonciation du mal et de sensibilisation contre ce phénomène. Occasion également d’exiger plus de protection des taximen. Les réunions y relative, ne cessent de se multiplier dans la ville aux sept collines.

D’ailleurs, Jean Vidal Nji, président du Syndicat des conducteurs professionnels urbains du Cameroun, met en garde les auteurs de ces assassinats, qu’on finira par débusquer.

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Arnaud Kevin Ngano