Etat des routes : « Le linéaire routier camerounais est pourri », dixit ODS
Jeudi 14 novembre 2024 à Yaoundé, l’Observatoire du développement sociétal a rendu public les résultats d’une enquête menée sur l’état des routes au Cameroun. Au vue de l’observation lamentable qui s’y dégage, l’organisation crie à l’incompétence des autorités en charge des problèmes de routes.
Au nom de la population camerounaise et particulièrement des usagers de la route, l’Observatoire du développement sociétal (ODS) exige le départ de certaines autorités du pays. Qualifiées de laxistes parce que plongé dans les scandales de détournement financiers, à en croire l’organisation, leur incompétence a été étalé en fin d’après-midi jeudi 14 novembre 2024 à Yaoundé, au cours d’une conférence de presse.
« Il est urgent pour les chefs de département sectoriels en charge de nos routes de remettre sans délai, leurs démissions pour incompétence caractérisée », déclare Lilian Maurice Xavier Koulou Engoulou, Coordonnateur général de l’ODS. Dans la salle de conférence de son ONG à Yaoundé, ce membre de la société civile dénonce ainsi le mauvais état des routes sur l’étendue du territoire national, à l’issue d’une enquête « soigneusement » menée au préalable, après l’interpellation de plusieurs syndicats des transports, il y a environ 10 mois.
Les Causes : marchés fantaisistes et circulation des gros porteurs hors norme
L’ODS a pris la peine de faire le tour des 10 régions du Cameroun, en se rendant dans 43 départements du pays, pour constater l’amertume de l’état des routes. « Lorsqu’on exclut les tronçons Yaoundé-Ayos, Yaoundé-Obala-Bafia-Makénéné-Tonga-Bangangté-Bafoussam, Yaoundé-Mbalmayo-Ebolowa, et deux ou trois autres axes qui sont encore dans un état de circulation passable (mis à part l’étroitesse de la chaussée et la matérialisation qui n’est pas toujours parfaite), le gros de notre linéaire routier, bitumé et non bitumé présente un visage sombre et hideux dont la conséquence la plus évidente est l’accroissement exponentiel du nombre d’accidents pour la plupart mortels » explique Lilian Koulou.
Sans être exhaustif, la palme d’or des axes les plus endommagés revient sans conteste aux axes qui relient les villes Ngaoundéré-Garoua, Douala-Nkongsamba-Bafang-Bafoussam, Edéa-Kribi, Bertoua-Garoua-Boulaï, Ayos-Abong-Mang-Dimako, Douala-Edéa et j’en oublie… »
Après la descente sur ces routes dites catastrophiques, le coordonnateur général et ses collaborateurs se sont rapproché des ingénieurs des travaux publics. Question de chercher à rassembler les raisons techniques de ce délabrement : « Les causes principales sont les attributions des marchés fantaisistes par les maîtres d’œuvre que sont les différents départements ministériels sectoriels, ayant en charge les questions des routes que sont en prime les travaux publics et celui du développement urbain et de l’habitat, rapportent ils. À leur tour, les maîtres d’ouvrages dont certains héritent de marchés fictifs, se livrent à un laxisme notoire dans la réalisation des routes, qui n’obéissent très souvent à aucune norme en la matière ». Et les trafics impliquant la circulation des gros porteurs transportant des charges qui, excédant les poids autorisés, aggravent le problème.
Des images chocs
Pour confirmer cette descente effectuée par l’ODS après avoir été saisi par les acteurs du monde des transports au Cameroun, une projection des vidéos réalisées pendant le tour des régions, est présentée aux femmes et hommes des médias présents à la conférence de presse. Insistance a par exemple été faite sur les routes reliant les régions septentrionales, l’axe Edéa-Kribi où la délégation a dû subir deux crevaisons de roues et l’axe Bertoua-Garoua-Boulaï inondé de nids de poule.
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Routes dégradées en plein centre ville de Yaoundé au Cameroun.
Un véritable tableau sombre, qui pousse d’ailleurs l’Observatoire du développement sociétal à convoquer la réaction immédiate du président de la République : « nous exhortons le Chef de l’Etat, Son Excellence monsieur Paul Biya à s’appesantir sur cette préoccupation sociale, car le bien-être des populations et le développement de notre pays y dépendent ».
Arnaud Kevin Ngano