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Hôpital de district de Biyem-Assi : des enfants privés de vaccination en raison de frais de pesée

Un scandale secoue actuellement l’hôpital de district de Biyem-Assi à Yaoundé, où la vaccination est conditionnée par les frais de pesée. Selon des témoignages de parents, le personnel de santé exige des frais allant de 100 à 200 francs CFA pour peser les enfants de 0 à 5 ans avant de les vacciner.

Ce matin du 1er juillet 2024, Evelyne et son époux Paul, emmènent leur bébé pour la vaccination de routine. Habitant le quartier Biyem-Assi dans le 6e arrondissement de Yaoundé, ils se rendent naturellement à l’hôpital de district de la localité. Seulement leur enfant a failli ne pas être vacciné, parce qu’ils n’avaient pas 200 francs CFA. « On a bloqué le carnet de vaccination de mon fils, car je n’avais pas les pièces. Il fallait sortir de l’hôpital chercher les pièces pour récupérer le carnet et avoir accès aux vaccins », regrette Evelyne en colère.

Des mamans venues avec leurs bébés pour la vaccination

Pourtant la vaccination des enfants de 0 à 5 ans est gratuite au Cameroun, au service de vaccination de l’hôpital de district de Biyem-Assi, il faut débourser entre 100 et 200 francs CFA selon le poids de l’enfant, pour être pris en charge. « Des frais de la pesée du bébé », révèlent pas moins de 3 mamans. Avant de faire vacciner l’enfant en fait, on est appelé à prendre ses différents paramètres parmi lesquels, le poids du bébé.  

« J’ai demandé à quoi servent les 200 francs CFA et pourquoi on ne paie pas à la caisse contre reçu ou facture mais sur place ? témoigne Paul. La dame m’a dit d’aller demander à la direction, et que là, j’aurais les informations que je veux. C’est à prendre ou à laisser. » Un autre personnel de santé fera savoir par la suite, que c’est pour l’entretien des balances. Même si l’on va également évoquer plus tard, les documents à photocopier.

L’irritation du directeur

Toujours est-il que cette pratique apparemment bien ancrée au sein de cette formation sanitaire depuis des années, n’est pas cautionnée par l’administration. C’est du moins l’impression qui se dégage lors de la collecte des informations. L’on constate en se rendant à la direction de l’hôpital, que le Dr. Daniel Ekoua, patron de l’institution, n’était pas au courant d’un tel système de paiement des frais, pour quoi que ce soit, pendant le processus de vaccination.

Immédiatement les concernés ont été convoqués au bureau du directeur, pour une réunion de crise sur la question. Et quelques minutes après la descente, l’on apprend que des sanctions ont été prises à l’encontre du personnel du service de vaccination, dans le but de restaurer la confiance de la population envers l’hôpital de district de Biyem-Assi. Mais surtout pour davantage encourager les familles à fréquenter les formations sanitaires.

A l’encontre de la volonté du Pev et de l’Unicef

De tel comportements choquent et suscitent l’indignation parmi la population locale. C’est pourquoi elle dénonce une forme d’arnaque, au détriment des enfants les plus vulnérables. Surtout que des parents se sont plaints de la rareté des pièces au Cameroun, rendant difficile pour eux d’avoir ce qui leur est ainsi exigé pour la pesée de leurs nourrissons.

Le Fonds des nations unies pour l’enfance (Unicef) fustige de tels phénomènes, constituant un obstacle au droit à la santé de l’être-humain de moins de 5 ans. Pour cette agence onusienne, la vaccination est gratuite et nécessaire, puisque les vaccins contribuent à protéger les enfants de maladies graves.

Pareil pour Le Programme élargi de vaccination (Pev) qui estime que « le vaccin permet de réduire la mortalité chez les garçons et filles de moins de 5 ans. Donc, mettre la santé des enfants en danger par l’obligation des frais, peut s’apparenter à un crime

Arnaud Kevin Ngano