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Liberté de la presse : Dr Hervé Tiwa examine les problèmes des médias

A l’occasion de la journée internationale de la liberté de la presse au Cameroun, Hervé Tiwa, enseignant-chercheur en Sciences de l’information et de la communication et Directeur exécutif de Med.IA Laboratory, analyse l’environnement médiatique camerounais actuel. Au-delà du constat de la prééminence de la précarité dans le journalisme, l’universitaire propose la réinvention de ce noble métier par la bonne utilisation de l’intelligence artificielle.

Au Cameroun, mieux que dans plusieurs autres pays africains, les médias ont le vent en poupe. On dénombre « 700 titres de presse écrite, environ 200 stations de radio et plus de 60 chaînes de télévision » sur l’étendue du territoire national en 2025, constate Dr Hervé Tiwa, regrettant la clochardisation des acteurs de ces structures.

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L’universitaire et expert en transformation digitale a accordé une grande interview au quotidien privé Le Messager, dans le cadre de la journée internationale de la liberté de la presse célébrée le 3 mai. Ainsi, sur les deux pages que lui consacre le confrère dans l’édition de mercredi 7 mai 2024, il fait l’état des lieux du paysage médiatique au Cameroun avant de s’attarder sur les conditions de travail du journaliste dans ce pays et les atouts des nouvelles technologies.

Liberté d’expression en danger

« La crise économique du secteur médiatique camerounais menace non seulement la survie des médias, mais aussi la liberté d’expression, pilier de notre démocratie », pense Hervé Tiwa. Ce qui entraine sans doute le positionnement de « l’Afrique en miniature » à la 131e place sur 180 Etats selon le classement 2025 de Reporters sans frontières. Preuve que la liberté d’expression y est en danger.

Classement de RSF 2025 et 2024 © RSF

Les problèmes de la presse se révèlent encore plus grave dans la mesure où les modèles traditionnels de vente et de publicité sont devenus obsolètes. C’est pourquoi, Dr Tiwa préconise des stratégies numériques innovantes pour assurer la pérennité des médias et la diversification des sources de revenus : « La survie de la presse dépendra des réformes audacieuses sur le plan numérique, de l’innovation et de la diversification des revenus. »

Formation continue des journalistes

Dans ces pages 8 et 9 du journal du feu Pius Njawe, l’invité estime que la qualité des productions journalistiques peut être également suffisamment améliorée grâce à l’intelligence artificielle. « La maîtrise de l’IA par les journalistes est une nécessité absolue pour éviter la désinformation et préserver la crédibilité des médias ». Bien plus, insiste Hervé, « 99% des journalistes en activité doivent se former aux enjeux de l’IA dans le processus de production de l’information, sinon ils risquent de servir des hallucinations algorithmiques aux lecteurs ».

Loin d’être une vue de l’esprit donc, la rénovation de la presse camerounaise paraît inévitable. Seulement qu’elle « ne se limite pas à une simple amélioration incrémentale, mais engage une transformation paradigmatique qui reconfigure les fondements éthiques, les fonctions professionnelles et les relations sociales du journalisme », explique Hervé Tiwa.

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Pour surmonter tous ces défis et atteindre les objectifs de transformation escomptés, une véritable dynamique reposant sur l’engagement collectif des acteurs des médias demeure plus que sollicité.

A.K.N.