La sage-femme met-elle fin à la mortalité maternelle et infantile ?
Le Réseau des médias africains pour la promotion de la santé et l’environnement (Remapsen) s’est associé au Fonds des nations unies pour la population (UNFPA) pour célébrer la sage-femme, en un jour à elle consacré. Au cours du webinaire du lundi 5 mai 2025, le ministre de la santé du Burkina Faso, a relevé la contribution remarquable des sages-femmes sur la réduction de la mortalité maternelle.
« Dans notre région, plus de 500 femmes meurent chaque jour, soit une femme toutes les quatre minutes ». Cette déclaration de Dr. Sennen Hounton, Directeur régional de l’UNFPA pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre (WCARO) face aux journalistes membres du Remapsen lundi 5 mai, fait jaillir l’ampleur du problème de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement.
Pénurie de sages-femmes
Durant cet autre webinaire mensuel du Remapsen, il a été clairement relevé qu’en Afrique les femmes ne meurent pas de maladies incurables, mais plus parce que les sociétés n’ont pas encore décidé que leur vie mérite d’être sauvée. La pénurie de sages-femmes et de personnel de santé qualifié, particulièrement dans les zones rurales, constitue également l’une des causes de ces décès. A cela, s’ajoute la sous-prévention et le manque d’investissements dans la formation et le déploiement des sages-femmes, qui empêchent une couverture universelle des soins.
Selon l’UNFPA en fait, le financement insuffisant et la réduction des aides publiques entraînent la fermeture de certains services, la suspension des salaires des professionnels de santé. Les crises humanitaires, les conflits et le changement climatique ne facilitant pas les choses dans les pays dont le devoir est pourtant de fournir des soins de qualité aux populations.
Comment remédie-t-on à la situation ?
Le Burkina Faso en crise, présenté comme exemple aux journalistes, croit avoir quelques éléments de solution : La présence et le déploiement massif de sages-femmes dans tout le pays, pour assurer des soins vitaux, surtout dans les zones reculées. « Il est important de noter que près de trois femmes sur quatre suivies pendant leur grossesse le sont par une sage-femme ou un maïeuticien, reconnait Robert Lucien Jean-Claude Kargougou, ministre burkinabè de la Santé. Elles sont souvent les premières et les seules à prodiguer des soins vitaux. »

A en croire ce membre du gouvernement de l’un des pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), la réduction de la mortalité maternelle apparaît comme une priorité. C’est pourquoi, plusieurs stratégies ont été mis en place. Parmi elles on cite :
- Une volonté politique réaffirmée avec environ 12% du budget de l’Etat alloué au ministère de la Santé depuis au moins 10 ans ; ce niveau est maintenu malgré le contexte sécuritaire et humanitaire qui commande que par l’effet d’éviction, les ressources soient redirigées en priorité vers la défense et la reconquête du pays
- L’augmentation significative du recrutement de sage-femmes/maïeuticiens pour leur déploiement à travers tout le pays ; à titre d’exemple il y a de cela 20 ans, il y avait un seul maïeuticien pour 150,000 habitants ; maintenant dans le même district au moins une sage-femme/maïeuticien dans chacun de la trentaine de Centres de santé de 1er échelon du district. Au niveau de l’hôpital de district il y a plus d’une dizaine de sage-femme/maïeuticien
- Le renforcement des capacités des écoles de formation
- La mise en place du réseau SONU y compris la formation des médecins généralistes en chirurgie essentielle permettant aux femmes de bénéficier de césariennes même dans les zones les plus reculées
- La gratuité des soins maternels et néonatals incluant la prise en charge de la fistule, la gratuité des soins aux mères et aux nouveau-nés
- La mise en place de la surveillance hebdomadaire des décès maternels à travers le dispositif de surveillance des maladies
- L’activation du CORUS sur le décès maternel avec la nomination d’un incident manager
L’efficacité de ces stratégies au Burkina Faso se traduit par la réduction de la mortalité maternelle, passée de 787 décès pour 100 000 naissances en 1990 à 198 en 2021. La meilleure prise en charge des femmes enceintes a d’avantage été boosté par l’augmentation du taux de suivi prénatal –près de 75%-.
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Arnaud Kevin Ngano