Médicaments contrefaits : une mobilisation citoyenne se prépare au Cameroun
La colère gronde contre les médicaments contrefaits. La Confédération générale des associations pour la promotion et la défense des droits et des intérêts des consommateurs au Cameroun prépare un mouvement d’humeur pour exiger des actions concrètes visant à protéger la santé des consommateurs des médicaments.
« Nous préférons périr par une répression sanglante, que de consommer des médicaments contrefaits et avariés. » Cette phrase contenue dans les correspondances adressées aux membres du gouvernement camerounais, cache mal le mécontentement qui anime certains responsables des organisations de la société civile. La Confédération générale des associations pour la promotion et la défense des droits et des intérêts des consommateurs au Cameroun (CGAICC) exprime la fureur des Camerounais face à la prolifération des médicaments non conformes, inondant les marchés, les pharmacies et même les centres de santé des villes et villages.
Efforts du gouvernement, insuffisants
Malgré la mise en place d’un plan national multisectoriel de lutte contre ce problème, la situation ne fait qu’empirer. « Le plan mis en place en 2019 a été inefficace à ce jour », précise la confédération dans l’une des multiples lettres. Les statistiques ? Au moins deux Camerounais sur dix décèdent chaque jour, à cause de ce laisser-aller dans le secteur de la distribution des produits pharmaceutiques.
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La prématurité est un facteur déterminant de la mortalité néonatale au Cameroun.
Souvent accusées de complicité, les autorités semblent muettes face à cette crise. « Comment expliquer la recrudescence de ce phénomène qui se produit sous nos yeux ? » s’interroge Jean Vidal Nji, président de la CGAICC. Les acteurs en charge de la régulation et du contrôle qualité sont de plus en plus critiqués pour leur passivité, laissant les consommateurs exposés à des dangers mortels.
L’urgence du changement
La grande famille des organisations de défense des droits des consommateurs prévoit de mobiliser au moins deux millions de Camerounais pour faire entendre leur voix. D’après Vidal, des pancartes, des T-shirts et des casquettes noires porteront des messages : « Non à la consommation des médicaments avariés ! » et « Non aux faux médicaments ! ».

« Nous voulons que notre message soit entendu haut et fort », déclare le porte-parole de la confédération. Des manifestations sont envisagées devant les services centraux du ministère de la Santé publique et dans les bureaux des délégations régionales de ce administration publique, à travers le pays. Les organisateurs espèrent que cette mobilisation incitera les autorités à agir rapidement pour mettre fin à ce problème de santé publique.
Pistes de solutions
Les propositions pour résoudre la question préoccupante sont nombreuses. Parmi elles, l’organisation de campagnes de sensibilisation sur les dangers des médicaments non certifiés, le déguerpissement des commerçants ambulants vendant des produits illégaux, et l’application rigoureuse des sanctions contre les contrevenants. « Il est temps d’assainir le secteur de la pharmacie, tant moderne que traditionnelle », dit M. Nji.
« Nous ne pouvons plus rester silencieux face à cette menace qui pèse sur notre santé », révèle l’un des mécontents. En fait, fatigué de vivre dans l’incertitude, les consommateurs camerounais réclament des actions concrètes et immédiates par rapport à l’insistance des médicaments contrefaits.
Arnaud Kevin Ngano