Ressources génétiques : le levier de l’essor des communautés locales
Vendredi 17 janvier 2025 à Yaoundé, s’achevait le tout premier forum national sur les ressources génétiques. Cette rencontre riche en partage d’expérience s’est soldée par la signature d’une convention entre une firme internationale et le gouvernement camerounais à travers une organisation des communautés autochtones.
Au Cameroun, l’étau se resserre autour de l’appropriation illégitime des ressources de la biodiversité et des connaissances traditionnelles autochtones. Plusieurs communautés indigènes ou locales veulent véritablement bénéficier de l’exploitation des ressources génétiques, parfois opérée sans autorisation préalable. « On a longtemps été soumis à la bio-piraterie ; c’est-à-dire que des incursions inopinées dans nos territoires n’étaient pas encadrées, on ne savait pas dans quel cadre intervenaient certains acteurs. Heureusement, la loi vient aujourd’hui encadrer tout cela et c’est de bonne augure pour la suite », déclare sa Majesté Wilfried Yinda, chef traditionnel de Ngompém dans l’arrondissement de Pouma.
Participant au premier forum national sur les ressources génétiques au Cameroun les 16 et 17 janvier 2025, ce chef des Ndogkobe au village Ngompém a été le porte-parole des communautés du département de la Sanaga-Maritime ayant signé un accord de partenariat avec la firme internationale Besecamp Research. « L’idée est de pouvoir donner de la valeur à nos ressources génétiques, de pouvoir nous appuyer sur les ressources de nos écosystèmes, pour les préserver et remonter les chaînes de valeur industrielles de l’amont vers l’aval, pour pouvoir capter le maximum de valeurs ajoutées via la transformation de ces ressources biologiques de nos écosystèmes », explique-t-il à l’issue de la rencontre du Musée national à Yaoundé.
Un partenariat prometteur pour la biodiversité
Ce partenariat répond à l’une des exigences du protocole de Nagoya, dont le Cameroun a ratifié en décembre 2020. « Cette convention va permettre au monde de constater que le Cameroun est vraiment engagé dans le processus de séquençage, allant des analyses d’ADN du sol, qu’on transfère à Londres pour une autre profonde étude dont les résultats peuvent être utilisés par les industries pharmaceutiques qui les achètent, jusqu’au retour des revenus dans les communautés bénéficiaires. Tout cela en toute transparence », détaille Harrison Ajebe Nnoko, Chief Exécutiv Officier (CEO) Ajesh.
Ainsi, grâce à ce système de transparence découlant de ce partenariat, on peut tirer deux types d’avantages. « Le premier, ce sont des avantages non monétaires qui s’appuient sur la formation et la réalisation des projets sociaux tournant autour de l’accès à l’eau, à l’électricité ou à un logement décent ; et deuxièmement, les avantages monétaires, puisque ces ressources sont issues de notre biodiversité », confirme sa Majesté Wilfried Yinda. L’enjeu est donc de monétiser les ressources génétiques qui doivent être partagées équitablement entre la société partenaire et les communautés productrices.
Vers un développement durable et équitable
En clair, l’accord a été signé à des fins de recherches de développement et de l’utilisation commerciale des informations de séquence, générées dans le cadre du projet « découvrir et comprendre la biodiversité microbienne au Cameroun pour des applications commerciales durables dans l’industrie des sciences de la vie ». Et pendant que le gouvernement, superviseur du partenariat en question, à travers le ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et du Développement durable, applaudit l’initiative, certaines populations organisées en coopératives demeurent un peu sceptiques.
Arnaud Kevin Ngano