Ressources génétiques : quand le savoir traditionnel s’érige en trésor
Le premier forum national sur les ressources génétiques au Cameroun, qui se tient les 16 et 17 janvier 2025, s’impose comme la plateforme idéale pour promouvoir le bien-être socio-économique des populations locales et autochtones.
Des stands entourés et ornés de feuilles de bananiers, avec des décorations traditionnelles visibles à l’esplanade du Musée national de Yaoundé, témoignent de la présence des populations locales et autochtones. Près d’une dizaine d’espaces d’exposition sont occupés par les communautés indigènes ce jeudi 16 janvier 2025, lors de la visite guidée du ministre Pierre Hele.
Sa Majesté Fon Lekunze Nembo Ngwe III, est le porte-parole de toutes les communautés autochtones et locales participant à ce premier forum national sur les ressources génétiques au Cameroun : « C’est une opportunité énorme pour nous, car cela apporte un soutien très fort au processus lié à la convention sur la biodiversité en rapport avec le protocole de Nagoya, centré sur le partage équitable des profits et bénéfices découlant de l’utilisation des produits génétiques ».
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Fruits des traditions
Sur des tables, dans plusieurs stands, on peut découvrir des produits tels que :
- ‘’Mondia waity’’
- ‘’Equinox giganteus’’
- Quelques autres produits thérapeutiques considérés comme mets traditionnels
- Certains produits génétiques de séquençage
« Vous savez que l’abondance des produits génétiques se trouve dans les communautés locales et que tous ces produits génétiques contiennent d’abord un savoir traditionnel, puis un savoir scientifique », révèle le Paramount Fon de Bamumbu et Suzan Manyi-Cha Lekunze. Cette affirmation est soutenue par sa Majesté Bruno Mvondo, coordonnateur du Réseau des chefs traditionnels d’Afrique pour la gestion durable de la biodiversité et des écosystèmes forestiers. « Je prends un cas simple : dans les villages, on mange les collas, et on se rend compte que cela donne de la vigueur à ceux qui en consomment, explique-t-il. Alors, le scientifique prend la colla, l’apporte dans un laboratoire pour y chercher le gène qui a orienté la vigueur. Vous voyez donc que c’est le savoir traditionnel qui a guidé la recherche. »
Ressources génétiques : un trésor
Les produits traditionnels semblent constituer une richesse inestimable pour le pays, en matière de ressources génétiques bien sûr. C’est pourquoi ce premier forum, présidé par le ministre de l’Environnement, de la Protection de la nature et du Développement durable (Minepded), apparaît comme un atout pour influencer et promouvoir le bien-être socio-économique des populations locales et autochtones. D’où cette mobilisation des populations locales au Musée national de Yaoundé.
Le Cameroun regorge de la biodiversité la plus diversifiée et complexe d’Afrique. Cela nécessite également un maximum de ressources génétiques, entraînant forcément des industries, qui favorisent le développement économique et social d’un pays. Chose possible, uniquement si la collaboration entre les communautés autochtones et les chercheurs est parfaite.
Pour cela, la plateforme analytique du département de chimie de l’École normale de l’Université de Yaoundé I, par exemple, peut être sollicitée. Selon l’enseignant-chercheur Guy-Hector Fendoung, c’est la meilleure en Afrique centrale : « Nous avons au département de chimie une plateforme qui détient la majorité des composés chimiques extraits des bio-ressources du Cameroun, environ 5 000, disponibles pour tout industriel intéressé ».
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Arnaud Kevin Ngano