Santé sexuelle et reproductive : les adolescents et jeunes veulent braver les obstacles
Réunis à l’hôtel départemental de Mbalmayo, dans le Nyong et So’o, région du Centre au Cameroun, des représentants du gouvernement, du système des Nations unies et d’organisations de promotion des droits des jeunes définissent la stratégie à adopter pour surmonter les obstacles juridiques au droit à la santé des adolescents et jeunes sur le territoire national.
Au Cameroun, l’âge de consentement constitue une limite à l’accès aux soins de santé pour les adolescents et jeunes. En effet, aucun fondement juridique de la « majorité sanitaire » appliquée par certains services de santé sexuelle et reproductive n’existe dans le pays. À cela s’ajoute le comportement des prestataires de santé, souvent mal formés pour une prise en charge adaptée aux adolescents et jeunes, ce qui aggrave la situation. « La prise en charge reste générale, et les adolescents et jeunes sont laissés pour compte », confirme Maxime Bivina, directeur exécutif du Réseau camerounais des adolescents et jeunes positifs. Ce constat est particulièrement visible dans nos cliniques communautaires, où l’on observe des cas de viol d’adolescentes, et où la prise en charge suit la même procédure que pour tous les cas connus.
Pour mieux étayer ces constats et esquisser des pistes de solution, une étude a été menée par un consultant expert juridique, qui identifie cinq catégories d’entraves à l’accès des adolescents et jeunes, y compris ceux vivant avec le VIH, aux services de santé. Il s’agit des :
- Obstacles socioculturels (l’ignorance, l’influence des traditions et les stéréotype de genre par exemple)
- Obstacles économiques (les coûts des services de santé sexuelle et reproductive, la précarité des familles, la pauvreté…)
- Obstacles idéologiques (les croyances religieuses, le conservatisme…)
- Obstacles psychologiques (méfiance, manque de confiance, honte et culpabilité)
- Obstacles institutionnels (pénurie de personnel de santé, déficit de communication, offre sanitaire insuffisante particulièrement en zone rurale)
La réponse communautaire
Plus de détails sont contenus dans un rapport qui rentre dans le cadre du projet intitulé : « La réponse communautaire à la stigmatisation, la discrimination et la réforme législative en Afrique de l’Ouest et du Centre ». Ce projet, initié par l’Onusida, en partenariat avec des organisations de la société civile et le gouvernement, est déployé dans six pays : le Cameroun, le Bénin, la Côte d’Ivoire, la République Centrafricaine (RCA), le Sénégal et le Togo.
Ainsi, l’atelier de restitution du rapport d’évaluation des obstacles juridiques au droit à la santé des adolescents et jeunes, qui se tient les 15 et 16 avril 2025 à Mbalmayo, constitue un espace approprié pour la validation collective des recommandations, en vue d’une réforme juridique inclusive. « Il était important d’étudier ce qui existe, de constater les lacunes pour formuler des recommandations, afin de considérer ensemble tous les éléments possibles pour proposer une solution durable », explique Marie Chantal Awoulbe Massaga, présidente du conseil d’administration du Réseau camerounais des adolescents et jeunes positifs (Recaj+).
L’apport de l’Onusida
Séduit par l’engagement de ces jeunes d’associations dans la riposte au VIH-Sida, le Programme commun des Nations unies sur le VIH/Sida (Onusida) promet de maintenir son soutien envers le Recaj+. C’est ce qu’affirme James Clovis Kayo, chargé des programmes à Onusida : « Nous avons ce rôle d’appuyer ces jeunes, étant donné qu’ils sont prêts à donner le maximum d’eux-mêmes. Nous leur offrons des espaces à travers un soutien financier et technique, ainsi que des participations à des forums et autres événements. »
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Après cette rencontre, une série de plaidoyers suivra, tant sur les plateformes numériques que via les médias traditionnels, pour mieux sensibiliser sur les réflexions contre les freins au droit à la santé sexuelle et reproductive des adolescents et jeunes au Cameroun.

Arnaud Kevin Ngano, de retour de Mbalmayo