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Sao-Kotoko : un patrimoine culturel de l’humanité ?

La 6e édition du Festival des arts et traditions Kotoko (Festat), célébrée dans la capitale camerounaise du 23 au 25 janvier 2025, s’impose comme l’occasion de jeter les bases pour une reconnaissance internationale de la riche culture d’une des ethnies les plus anciennes de l’Afrique centrale et de l’Ouest. Une raison pour être classé dans le patrimoine culturel de l’humanité ?

La communauté Kotoko, dont les ressortissants se trouvent aussi bien à l’Extrême-Nord du Cameroun qu’au Tchad et au Nigéria, fait un rêve : celui de voir ses arts et traditions figurer sur la liste du patrimoine culturel de l’humanité. « Nous sollicitons à ce titre votre soutien et votre accompagnement habituel pour que le rêve des Kotoko à ce sujet devienne une réalité au cours des prochaines années », révèle Ali Oumar, président du comité d’organisation du Festival des arts et traditions Kotoko, édition 2025 au Musée national.

La danse exprime l’esprit de guerrier du peuple Kotoko. ©A.K.N.

Lors du grand rendez-vous de Yaoundé, ce vœu a ainsi été signifié au ministre camerounais des Arts et de la Culture, Bidoung Kpwatt, parrain de l’événement. Il est essentiel de mettre à profit la délocalisation, pour la première fois, du Festat, célébration de la culture Kotoko. Il s’agit d’une plateforme d’échanges et de célébration en direct des valeurs artistiques Kotoko, héritées de leurs ancêtres Sao.

Un festival riche en traditions et en partage

Les différentes activités et articulations de ce festival témoignent d’ailleurs de la nécessité d’une reconnaissance internationale de la riche culture Sao-Kotoko. Au-delà de la présentation de l’homme Kotoko, qui se distingue des autres par sa grande taille, les visiteurs ont découvert des valeurs telles que l’esprit de guerrier et celui de travailleur de ce peuple, à travers des danses et des stands. Plus de 550 objets d’art venus des différents villages Kotoko ont également été exposés pendant trois jours.

Tout en félicitant la présence des Tchadiens et Nigérians à l’esplanade avant du Musée national à Yaoundé, le ministre Bidoung Kpwatt voit en ce Festat un moyen de promouvoir le potentiel économique de l’art en matière de création d’emplois et d’amélioration des conditions de vie des populations.

Un appel à la préservation du patrimoine Kotoko

« Le festival de Yaoundé est aussi l’occasion pour nous de lancer un vibrant appel à la communauté nationale et internationale des pays amis du Cameroun et des défenseurs de la culture pour la reconstruction des musées Kotoko, qui ont été pour la plupart détruits par les inondations répétitives dues aux changements climatiques », déclare le président du comité d’organisation. Ce qui sous-entend que si rien n’est fait dans ce sens, ce patrimoine disparaîtra progressivement.

Chose inadmissible, surtout quand on sait que l’héritage Kotoko, issu des ancêtres Sao, date de plus de 3 000 ans. D’autant plus que la reconstruction des objets d’art et du musée Kotoko en question hissera certainement le Cameroun au même pied d’égalité que l’Égypte et la Turquie, par exemple, en termes de tourisme culturel.

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Arnaud Kevin Ngano