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Société civile contre le gouvernement : l’amplification du bras de fer au Cameroun

Au cours d’un échange avec la presse à Yaoundé mardi 10 décembre 2024, des organisations constituées en cellule de crise, ont accusé le ministre de l’administration territoriale Paul Atanga Nji, de violation de la loi. Celui-ci de son côté, estime que ces organismes reçoivent des montants exorbitants pour mener leurs activités.

« Des motifs infondés et fantaisistes !» C’est ainsi que Hilaire Kamga, Coordonnateur de la plateforme de la société civile pour la démocratie, qualifie l’acte du ministère camerounais de l’administration territoriale, « portant atteinte à la liberté d’association ». Ce juriste, a ainsi pris la parole lors d’un échange avec les journalistes à la Fondation Tandeng Muna à Yaoundé, pour rendre public la déclaration de la société civile, après l’arrêté ministériel suspendant 5 associations et organisations non gouvernementales.

Ces leaders des OSCs au Cameroun, décident de célébrer la journée internationale des droits de l’homme en noirs. © NDH-Cameroun.

A cette rencontre avec les journalistes, les responsables des organisations de la société civile laissent entendre que Reach out Cameroun et le Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (Redhac), n’ont pas été contactés -du moins officiellement-, avant cette décision de suspension. Selon Philippe Nanga, Coordonnateur de l’ONG ‘’Un monde avenir’’, l’information tombe samedi à travers une radio, amplifié par les réseaux sociaux.

User des mécanismes légaux…

Les scellés sont posées sur les portes du bureau le lundi qui suivait, sans notification, précise Philippe Nanga. Une « situation alarmante », d’autant plus que cela se produit la veille de la célébration de la journée internationale des droits de l’homme, prévue chaque 10 décembre.

Depuis la décision du gouvernement, renseigne Cyrille Rolande Bechon, directrice exécutive de Nouveaux droits de l’homme-Cameroun, « nous avons fait un communiqué urgent pour prendre acte, puis des réunions avec les défenseurs des droits humains aussi bien au Cameroun qu’ailleurs dans le monde » se sont succédées. Et le comité de crise a décidé d’user de tous les mécanismes légaux au niveau national, africain et onusien pour répondre à « la menace ».

Montants exorbitants

Pendant que ces responsables des organisations de la société civile étaient regroupés à la Fondation Muna, Paul Atanga Nji, ministre de l’administration territoriale tenait une conférence de presse pour apporter des éclairages sur la suspension et l’interdiction des 5 associations et ONG, prise 4 jours avant. « Après avoir exploité les rapports de l’Agence national d’investigation (l’Anif), le Minat a constaté que des montants reçus par ces associations et ONG, ne cadre pas avec leurs activités sur le terrain », indique-t-il, en relevant que ces montants sont exorbitants et n’ont pas de traces, soit près de 16 milliards de francs CFA. Ce qui constitue pour le ministre Atanga Nji, une violation des textes encadrant les activités des ONG et des associations.

« Faux ! » Rétorque la cellule de crise des organisations de la société civile, qui dit « non à la dérive du ministre de l’administration territoriale ». Les organisations en question nient avoir perçu ces montants évoqués par le Minat. Ainsi via sa déclaration, la commission de crise, demande au ministre de :

  • Rapporter les décisions portant suspension de ces organisations
  • Vous astreindre, dans le cadre du respect de l’Etat de droit, à la procédure d’enquête préalable, de respect du contradictoire, et de toutes autres procédures qui garantissent le respect et favorisent l’exercice sans entrave de la liberté d’association des organisations de la société civile nationale dans son ensemble
  • Fournir aux organisations concernées par vos décisions de suspension et au public camerounais les faits et les preuves des faits qui ont conduit à ces accusations graves
  • Informer le public camerounais, étape par étape, de toute initiative que vous entreprendrez pour rétablir, dans les cas présents, le respect de l’Etat de droit qui a un impact substantiel sur les droits garantis par la Constitution du Cameroun
  • Cesser toute action visant à violer les droits fondamentaux et à intimider les Camerounais en général, et les défenseurs des droits de l’Homme en particulier

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Au vue du déroulement de cette actualité liée à la question des droits de l’homme au Cameroun, plusieurs rebondissements semblent être en vue.

Arnaud Kevin Ngano