Tentative de coup d’État en RDC : la »Voix des sans voix » rejette la peine de mort au profit de la peine à perpétuité
Cette organisation congolaise de défense des droits humains a appelé samedi les autorités congolaises à « commuer la peine de mort en prison à vie », après la condamnation à la peine capitale de 37 personnes par le tribunal militaire de Kinshasa .
Au départ, 51 individus ont été inculpés dans cette affaire de tentative de coup d’État que l’armée congolaise prétend avoir contrecarrée le 19 mai 2024. A présent, ils ne sont plus que 37 à avoir été condamnés à la peine capitale, suite à l’acquittement de 14 personnes. L’enquête ayant démontré qu’elles n’avaient « aucun lien » avec l’affaire, comme l’a déclaré le tribunal.
Un verdict inacceptable et jugé trop sévère
Cependant cette décision du tribunal militaire demeure contestée par l’organisation des droits de l’homme, la Voix des sans voix ( VSV). Selon elle, « ce qui nous choque c’est le verdict qui a été rendu. Cette sentence très trs sévère avec cette sorte de distribution de la peine de mort » nous dit Rostin Manketa, directeur exécutif du VSV en RDC.
À cet effet, « la VSV est contre la peine de mort qui est un traitement avilissant, inhumain, cruel ou dégradant ». Elle « demande aux autorités congolaises en général et judiciaires en particulier de commuer la peine de mort en prison à vie », l’a-t-on entendu ce matin au micro de Sébastien Duhamel, journaliste à RFI. Les 37 personnes « ont droit à la vie, quel que soit ce qu’on leur reproche », a insisté M. Manketa.
Le pays a décidé de reconnaître la peine de mort
Selon la décision notifiée dans une circulaire signée mercredi 13 mars 2024 par la ministre de la Justice de la République démocratique du Congo (RDC), Rose Mutombo, les « actes de traîtrise ou d’espionnage ont fait payer un lourd tribut tant à la population qu’à la République au regard de l’immensité des préjudices subis ». Et le rétablissement des exécutions vise à « débarrasser l’armée de notre pays des traîtres (…) et d’endiguer la recrudescence d’actes de terrorisme et de banditisme urbain entrainant mort d’homme », avait justifié la ministre de la Justice.
Une décision contraire à la pratique des droits humains
Le rétablissement de la peine de mort en République démocratique du Congo a déjà fait l’objet de polémique. Car, il a été vivement critiqué par les organisations de défense des droits humains. Pour Amnesty International par exemple, la décision des autorités congolaises est « une grave régression et un nouveau signe du recul alarmant de l’administration Tshisekedi en matière de droits humains ». L’ONG souhaite ardemment qu’« elle doit être annulée »
Jean-Claude Katende, président de l’Asadho, une des principales organisations congolaises de défense des droits humains, dénonçait hier encore sur sa page X la peine de mort comme une attente grave au droit de l’homme. Il parle d’« une barbarie entretenu dans le pays où la constitution interdit toute atteinte au droit à la vie ».
Letehitia Djouda