Transport interurbain : un appel à la réflexion face aux sanctions et accidents au Cameroun
Après des accidents tragiques, Jean Ernest Massena Ngalle Bibehe, ministre des Transports a suspendu plusieurs permis de conduire, soulevant des questions sur la sécurité routière et la gestion des agences de transport au Cameroun. Jean Paul Noah, leader syndical, appelle à une réforme concertée pour éviter la crise.
« Je m’incline devant les nombreuses personnes qui décèdent tous les jours sur nos axes routiers. Mais en tant que défenseur des transporteurs, je m’interroge sur l’efficacité de ces mesures. » Cette inquiétude anime Jean Paul Noah, Secrétaire Général de l’Organisation patronale des syndicats des transports et assimilés du Cameroun (Opstac), depuis la communication du gouvernement.
Lundi 19 août 2024, le ministre des Transports a entre autre suspendu le permis de conduire d’Ephrem Léopold Koumda Elouna, chauffeur de Finexs voyages, suite à un accident mortel survenu le 12 août à Ngwopi, qui a coûté la vie à deux personnes et blessé 19 autres. Cette suspension s’accompagne d’une sanction avec sursis pour la compagnie, qui doit mettre en place des mesures de sécurité strictes. Cette décision suscite des réactions dans le monde du transport interurbain.
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Les choses à revoir
Selon Jean Paul Noah, le problème d’accident de la circulation routière est ancien et complexe. « Dans les années 2000, les permis de conduire étaient délivrés à la criée. Aujourd’hui, nous voyons des jeunes de 16 ans conduire des taxis sans permis. Le ministre doit d’abord s’attaquer à la formation des conducteurs et à la délivrance des permis », estime-t-il.
Pour lui, la prolifération des auto-écoles constitue également une préoccupation : « Est-ce que les cours donnés dans les auto-écoles respectent les normes ? » Cette situation soulève des préoccupations quant à la sécurité routière et à la compétence des conducteurs sur les routes camerounaises.
Les conséquences des sanctions
Les récentes sanctions ont des répercussions significatives sur les transporteurs. Noah rapporte que de nombreux transporteurs envisagent d’abandonner leur activité, se sentant acculés par un système qui ne les soutient pas. « Beaucoup de transporteurs commencent à penser qu’ils peuvent abandonner cette activité, car ils ne sont pas subventionnés et sont victimes du racket le long des routes », explique-t-il.
L’inefficacité administrative et la pression fiscale enveniment davantage la situation. « Les cartes grises et les licences de transport prennent des années à être délivrées. Les transporteurs se demandent s’ils ne sont pas dans un piège », révèle Noah. Cette situation pourrait avoir des conséquences désastreuses sur la mobilité dans plusieurs départements, notamment ceux desservis par Charter express par exemple.
Une approche collaborative comme solution
Estimant que les décisions du ministre sont prises de manière unilatérale, Noah appelle à une approche collaborative. « Nous demandons au ministre qu’on agisse de manière concertée, qu’on mette en place un conseil consultatif dans le secteur des transports. Lorsqu’il y a un accident, le conseil doit statuer d’abord », propose-t-il.
Il s’agit d’une réforme devant inclure tous les acteurs concernés, y compris les syndicats et les Organisations non gouvernementales. « Les entreprises de transport investissent des sommes considérables. Il faut absolument agir dans un climat de confiance et de respect strict des lois », conclut-t-il.
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Arnaud Kevin Ngano