Transport-J.P. Noah : « Que l’État fasse les badges »
Face aux agitations autour de la fabrication et du montant du badge d’identification au Cameroun, le syndicaliste Jean Paul Claude Noah exige que le ministère camerounais des Transports récupère la confection de ces documents d’identification des taximen sur le triangle national. Entretien …
Depuis plusieurs jours, des tracts dénonçant l’arnaque circulent, invitant les transporteurs du sous-secteur urbain, à ne pas payer 10.000 F CFA pour le badge d’identification. Expliquez-nous ce qui se passe ?
Lors des dernières négociations liées à l’augmentation du prix du litre des carburants à la pompe, l’Etat a décidé de donner les tarifs aux patrons et les badges aux chauffeurs. Mais dans un drible que les syndicats des chauffeurs ne connaissent pas, on a amené le ministre du Commerce à dire que cette règle qui existe depuis cinq décennies, ne change pas. Ce ministre leur a donc donné le tarif. Malgré cela, les organisations patronales restent calmes.
Récemment, ils ont tenu une réunion au ministère des Transports, pour dire qu’ils vont désormais délivrer le badge sécurisé à 10.000 F CFA la pièce. Le montant offusque les transporteurs qui constatent que le ministre des Transports produise des badges à 0 F CFA. Ceci après une formation.
Selon moi, c’est une machination contre le président de la République du Cameroun, parce qu’ils savent que nous entrons bientôt dans une année électorale. L’intention est à mon sens, de pousser les taximen à se soulever contre le régime, eux qui n’ont pas encore digéré l’augmentation du carburant, en cours. C’est une véritable bataille entre les syndicats des travailleurs.
Etes-vous conscient que vous vous opposez ainsi à une opération d’assainissement de ce segment du transport urbain ? Comment auriez-vous souhaité que cela se déroule ?
Nous sommes d’accord pour l’assainissement. Mais ça fait 23 ans que l’État a essayé avec eux sans succès. Depuis 2001, 23 ans après, où est cet assainissement ? Lequel des syndicats qui fait ces badges, peut dire combien de taxis roulent à Yaoundé ? Combien d’agressions ces badges ont permis d’annuler ? Quelle est la coopération qu’ils ont exercée ?
Donc comme ils ont créé leur champ de macabo, le badge est un moyen permanent pour eux d’avoir de l’argent sur le dos des taximen. Mais nous disons au ministre des Transports qu’il a tout notre soutien. Qu’il fasse le badge sans ces gars. D’ailleurs on vient de vivre une expérience démontrant que le ministère des Transports peut faire le badge. Parce qu’il formait les chauffeurs à la connaissance de la ville. Et il a délivré des badges par la suite.
Ça veut tout simplement dire que le ministre des Transports peut faire le badge sans les syndicats. Parce que si ces syndicalistes commencent à collecter les badges, ne vous étonnez pas qu’ils les vendent même aux gens de Boko Haram, aux coupeurs de route, aux grands criminels qui arpentent les taxis depuis 23 ans. Donc c’est un moyen pour eux de s’enrichir. Ainsi, nous disons oui au badge et non au syndicat. Que l’État fasse les badges, comme en Angleterre. Nous allons nous y mettre. Le ministre des Transports a eu une très bonne idée, nous pensons qu’il doit pérenniser cette idée.
Depuis le début de cette dénonciation, rien ne change. On a même l’impression que l’attention du gouvernement est ailleurs. Que comptez-vous faire ?
Non ! L’attention du gouvernement n’est pas ailleurs… Ces gars ont perçu quelques perdiems de l’opérateur des badges, pour acheter le matériel. C’est pourquoi ils ont annoncé des enregistrements bientôt. Mais leur collègue, syndicaliste des travailleurs, a décidé de les combattre. Cela est véhiculé sur les réseaux sociaux et particulièrement dans les regroupements où se trouve l’ensemble des responsables du ministère des Transports. Comment puis-je croire un instant que le gouvernement n’est pas au courant de ce qui se passe ? On ne perd rien à attendre qu’il prenne ses engagements.
Les communes qui travaillent même aujourd’hui avec les agences au développement pour réorganiser le système de mobilité urbaine en zone urbaine et périurbaine, peuvent également prendre les choses en main.
Propos recueillis par Arnaud Kevin Ngano