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Yagoua à l’Extrême-nord, à l’épreuve des inondations

Le camp sinistré d’Ouro Dabango, situé à Yagoua, a été frappé par de violentes inondations vendredi 4 octobre 2024, suite aux pluies torrentielles qui ont duré plus de deux heures. Et le pont reliant le centre de la ville de Yagoua et les quartiers populaires comme Kaskao ou encore Gabara, a cédé sous la pression des eaux.

Des habitants de Yagoua traversant sur une passerelle suite à la destruction, consécutive à de violentes inondations dans l’Extrême-nord du Cameroun, d’un pont reliant le centre-ville à d’autres arrondissements. Avant l’effondrement du seul pont du centre-ville de Yagoua, ville de l’Extrême-Nord du Cameroun, Vincent était agriculteur.

Depuis l’incident, il s’est trouvé une nouvelle occupation : il régule la circulation sur une passerelle provisoire installée sur les deux extrémités de ce qui reste de la structure du pont. « Nous avons essayé d’adapter les choses pour que les gens puissent passer », explique-t-il. Cette passerelle en planches est fragile.

Perturbation des cours

Conséquence : seuls les piétons, les vélos et les motos sans charges lourdes peuvent passer. Pas moyen pour les véhicules de transports de circuler. « Ça ralentit totalement les activités puisque c’est un pont principal qui relie vraiment deux côtés de la ville », souligne un autre riverain.

La rupture du pont a également perturbé la première semaine de cours : plusieurs élèves, notamment ceux du primaire, ont changé d’établissement. Pierre Lirawa, maire de Yagoua, espère des solutions plus pérennes pour l’avenir de cette ville, frappée par le changement climatique : « Il faut refaire ce pont et le dupliquer parce que c’est la seule voie. Les besoins de la ville sont nombreux. Il faut entre autres refaire les salles de classes et les circuits d’approvisionnement en eau potable détruites par les inondations et recaser les populations sinistrées qui habitent les zones inondables sur un site approprié. » La destruction de ce pont à Yagoua est venue s’ajouter à d’importants dégâts matériels causés par les inondations dans la région l’Extrême-nord du pays où les eaux ont détruit près de 9.000 habitations, et des milliers d’hectares de cultures.

100 écoles fermées…

La région de l’Extrême-nord du Cameroun est frappé ces derniers mois par des inondations qui ont causé de nombreuses dégâts. Ce phénomène environnemental a fait officiellement plus de 200.000 sinistrés et 17 morts. Plus de 3.000 sinistrés, regroupés dans 500 ménages, vivent dans des conditions précaires, dans le camp d’Ourao-Dabang, près de Yagoua. « C’est la rentrée scolaire au Cameroun, et près de 100 écoles sont restées fermées dans le septentrion dont je suis originaire.

A Yagoua où je vis, au moins 13.000 personnes ont été affectées par les inondations. Au fil des ans, la situation empire et préoccupe grandement. Au Nord, l’éducation de la jeune fille n’est pas primordiale et quand des catastrophes naturelles s’y ajoutent, cela complexifie davantage la situation. L’éducation est un droit fondamental, et aucun enfant ne devrait en être exclu », déplore Firida Debora, jeune sinistrée de Yagoua, dans l’Extrême nord Cameroun.

Une catastrophe pour le Cameroun

« Les données récentes font froid dans le dos. Entre juillet et août 2024, la région de l’Extrême-nord a subi à plusieurs reprises des inondations. Plus de 8.000 maisons ont été détruites, affectant ainsi à peu près 160.000 personnes. Plusieurs enfants risquent d’avoir une année scolaire difficile à cause de ces inondations. De plus, près de 3.000 hectares de plantation ont été détruits, une catastrophe pour le Cameroun où en 2023 près de 3 millions de personnes étaient en situation d’insécurité alimentaire aiguë, d’après le gouvernement. Ce fait d’actualité qui vient se greffer à la liste déjà très longue des pertes et dommages créés par les changements climatiques montre à suffisance l’urgence qu’il y a sécurisé les fonds pour endiguer les effets des changements climatiques », rapporte Sylvie Michèle Ongbassomben, Chef de projet de la Campagne Forêt chez Greenpeace Afrique.

Les météorologues annoncent d’autres inondations, courant octobre, occasionnées par le débordement du fleuve Logone.

Marcial Nzemie